Adam Cramer débarque à Caxton, dans le sud des États-Unis. Il n’est pas là par hasard, en effet, cette petite bourgade a récemment voté une loi en faveur de la “déségrégation”, autorisant un quota d’élèves noirs à intégrer un lycée fréquenté exclusivement par des blancs. Cet homme, bien sous tout rapport, va petit à petit semer le trouble dans la ville…
Roger Corman (Le Masque de la mort rouge - 1964) délaisse les films d’exploitation (pour drive-in) afin de réaliser son tout premier film noir sociétal en adaptant le roman éponyme de Charles Beaumont. En l’espace de 80min, le réalisateur parvient à mettre en scène un superbe pamphlet politique et radical en nous replongeant dans l’Amérique ségrégationniste des 50’s.
Si le scénario s’avère être d’une grande simplicité, là où le film se rattrape, c’est dans l’interprétation sans faille de William Shatner dans la peau d’un prédicateur opportuniste et d’une rare perversité, suffisamment fourbe pour retourner l’esprit des habitants de cette petite bourgade et raviver la flamme raciste qui sommeil en chacun d’eux.
Avec The Intruder (1962), Roger Corman tend un miroir à ses compatriotes en leur rappelant les heures sombres (et pas si lointaines) de leur nation. Radical, sans concession et courageux (pour l’époque), le réalisateur nous offre là un brûlot saisissant et brillamment incarné par Shatner.
(critique rédigée en 2010, actualisée en 2024)
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