On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants.

On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants.
Alexandre Dumas

Visiblement Matthew Vaughn n'a retenu que la première partie de la citation...

The King's Man - Première mission propose de nous narrer l'Histoire avec un H majuscule dans cet opus qui fait office de préquel aux deux précédents films de la saga. Le film décris plus précisément l'escalade puis les années de guerre qui déchirèrent l'Europe et le monde; guerre où les derniers empires européens perdirent leurs peuples et leur honneur.
L'occasion pour Vaughn de présenter la naissance du Kingsman qui s'articule autour de la vie du duc Orlando Oxford et de son fils Conrad lesquels seront confrontés à une organisation maléfique (type Spectre dans les James Bond) qui, avec 6 ou 7 gugusses, tire les ficelles et provoque la Première Guerre mondiale.

Le film nous fait suivre en deux heures la bagatelle de plus de 3 ans de guerre et coche presque tous les faits et les personnages qui ont marqué cette époque, poussant le spectateur à une boulimie de clins d'œil allants jusqu'à l'écœurement.
Pelle mêle y sont cités : la guerre des Boers et les camps de concentrations britanniques, l'attentat de Sarajevo, les relations entre les trois cousins Guillaume II, Nicolas II et Georges V, le torpillage du Lusitania, l'alliance Germano-Mexicaine, Raspoutine, Mata Hari, Lenine, le Prince Yusupov, Hitler, la pro neutralité du président Wilson et des USA etc etc.

Je vous laisse donc imaginer à quel point l'amas inconsidéré de ces informations est indigeste pour le spectateur, qui, en plus de ne pas savoir à quel moment se concentrer, se révèlera bien entendu incapable de démêler la fantaisie de la réalité.
Si on omet la catastrophe historique que représente ce film, constitue-t-il au moins un bon divertissement?
Même pas ! La quasi intégralité du métrage repose sur une opposition des visions entre le duc d'Oxdord et son fils concernant la défense de leur patrie. Le premier se refuse à laisser son fils partir sur le champ de bataille, l'assurant que la guerre n'a jamais rien apporté de bon et que mourir pour son pays n'est jamais une bonne chose. Son fils, lui, soutient l'inverse et a une envie inexpugnable de se battre, envie renforcée par l'éducation militaire qu'il a reçu de son père et

Cette dichotomie pourrait être en elle même un beau sujet de film mais ne semble être qu'un élément permettant de ralentir la trame principale du film, jusqu'au grand défouloir amenant à la création de l'agence Kingsman.

Le film manque donc tous ses objectifs : il ne nous raconte pas fidèlement (même de loin) l'Histoire et la Première Guerre mondiale, il ne nous propose pas non plus une histoire intéressante sur fond de guerre qui aurait pu nous interroger sur la façon de défendre son pays et enfin, il est un exécrable divertissement ne pouvant que nous proposer du réchauffé des deux premiers opus avec des combats bourrés de CGI, d'anachronismes et de couteaux (me demandez pas pourquoi je ne sais pas moi non plus, il y avait peut être un placement de produit pour Opinel).
En bref, on ne savait déjà pas trop ou allait la licence Kingsman, on sait désormais que même son origine est loin d'être claire.

Je suis sans doute sévère dans mon jugement mais j'attendais beaucoup d'un film qui se révélait être une proposition intéressante mêlant pour une fois son histoire à celle des grands conflits de notre époque. Décidément il faut croire que 2021 nous laissera un goût fade d'inachevé et pas uniquement à cause du covid...