Comme je ne sais pas par où commencer, je vais aller directement à la fin : ce film est une catastrophe. Et le mot est faible. Le seul avantage de The Last Days of American Crime, c'est qu'on ne risque pas d'occulter ses qualités puisqu'elles brillent par leur absence. Rompu à l'exercice du nanar radioactif (Taken 2 ou 3, Colombiana) le réalisateur Olivier Megaton revient et il n'a rien perdu de son mauvais goût. Bien au contraire, à ce petit jeu-là, il pourrait même filer des leçons à Michael Bay (j'exagère à peine).
Prenant source d'un comics dystopique, on suit la planification d'un braquage au beau milieu d'une société asservie par le contrôle des masses (une puce intégrée au cerveau empêchera tout acte jugé criminel). Il y avait matière à livrer une peinture à mi-chemin entre Tueurs-nés et Paul Verhoeven, du moins à mon sens. Bref, tous les éléments pour passer un bon savon aux dérives sécuritaires et autres insanités liberticides commises "pour le bien de tous".
Le problème, c'est que ces choses-là (qui donnent du cœur ou de la profondeur à un récit), Olivier Megaton s'en balance au moins autant que de servir le récit au premier plan. Sa mise en scène est un vrai repoussoir à toute forme de narration, de cohérence, de lisibilité ou d'efficacité. Le film réussit la performance d'être irregardable à chaque scène. Oui, même lors de simples séquences dialoguées. À coups de caméras à l'épaule abominables, de découpages infects et d'une photographie malpropre, la réalisation oscille entre vulgarité crasse et déviance formelle. À titre d'exemples, les transitions ou SnorriCam -caméras attachées aux acteurs- sont odieuses.
Au moins, cela fait ton sur ton avec le script, très généreux en dialogues embarrassants et voix-off écrite avec les pieds. Les tares ne s'arrêtent pas là, fort heureusement. La musique -parfaitement immonde - s'accorde à merveille avec les images et les comédiens sont en pleine souffrance. Edgar Ramirez est complètement éteint tandis que Michael Pitt est limite hystérique (curieusement, c'est parfois drôle). Sans parler de Sharlto Copley, cantonné à un troisième rôle insipide au possible. Seule Anna Brewster parvient à tirer son épingle de ce gâchis de talents.
The Last Days of American Crime est une expérience douloureuse, à tous points de vue. Et elle affiche une durée tortionnaire de presque 2h30 ! Tenir jusqu'au bout tient de l'héroïsme ou de l'irresponsabilité, au choix. Un film sorti de nulle part qui aurait mieux fait d'y rester, puisqu'à défaut son visionnage s'apparente à une propulsion vers la première décharge publique.