Yorgos LANTHIMOS à l'instar d'autres réalisateurs à la tête des quels on citera David LYNCH, construit une oeuvre filmique où le spectateur est invité à repousser les limites de sa compréhension, des films où tout n'est pas dévoilé, tout n'obéit pas à un schéma classique de narration et où nous sommes invités à questionner notre perception de l'oeuvre et de ce qu'a voulu y mettre le réalisateur.

Si Lynch et quelques autres optent pour se faire sur une approche où le fantastique et l'onirique viennent perturber une réalité, par le biais d'une mise en scène aux clefs et aux niveaux de lecture complexes et multiples, Lanthimos choisit lui une approche plus centrée sur le scénario.


Que ce soit dans le dérangé mais maîtrisé Canine (2009) ou le troublant mais passionnant Mise à mort du cerf sacré (2017), dont je vous invite à consulter ma critique, c'est dans l'histoire que nous raconte le réalisateur, qu'il convient d'explorer et de trouver les réponses aux questions laissées en suspend.


Avec The Lobster (2014) qui est le troisième film que je vois de ce réalisateur grec, de qui il me reste deux oeuvres à découvrir, on retrouve ce schéma et cette continuité. A partir d'un scénario improbable, dont il est préférable de ne rien dire pour que chacun y dévoile ses propres réponses, il creuse le sillon de ce cinéma qui ne se donne pas en entier et qui requiers du spectateur qu'il libère son imagination pour appréhender ses sens cachés et ses messages.


C'est souvent par un cadrage à la fois stricte et symétrique, ou plutôt géométrique qui enferme les personnages dans le destin qui est le leur, avec une chorégraphie des caméras alternant plongées et contre-plongées qui servent d'indices. Les perspectives sont bloquées et l'environnement qui tend à dominer les protagonistes donnent au récit un parfum entre l'ubuesque et le kafkaïen que l'on retrouve dans les trois films que j'ai eu le plaisir de voir.


Il en résulte un cinéma, qui me passionne mais qui induit d'accepter de ne pas y trouver toutes les réponses logiques, même si quelques clefs ou pistes entrouvertes peuvent diriger nos pensées.


Un film qui doit se digérer couronné par un sens de l'humour noir et du cynisme assez jubilatoire.


Une expérience à tenter pour les amateurs du genre.


Spectateur-Lambda
7

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Créée

le 4 oct. 2022

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