Commençons par le dire pour s'en débarrasser : oui, on s'est ponctuellement ennuyé. Mais, puisqu'il y a un grand "mais" : Maggie Gyllenhaal signe un très honnête premier film, au sujet tabou ("être femme et être mère, ce n'est pas la même chose : la maternité n'est pas innée"), avec une Jessie Buckley impeccable en maman qui sature de ses filles (sans que ces dernières n'y soient pour rien), et Olivia Colman. Est-il besoin d'ajouter autre chose derrière l'argument "Olivia Colman" ? Oui, on est plus que fan de la grande Dame, et ce n'est toujours pas ici qu'elle nous décevra : elle campe avec sensibilité une maman qui a démissionné de son rôle et en garde des traces, des réflexes (elle vole la poupée d'une fillette, elle se retourne instinctivement quand un enfant appelle "Maman !", elle regarde les câlins des autres familles comme une réalité qu'elle n'a pas eue...). Alors, ce The Lost Daughter nous a fait décrocher par moments par son rythme peu soutenu, mais le contenu justifie à lui seul d'être vu, étant un sujet que l'on croise plutôt au masculin (une sorte d'Eraserhead au féminin, en plus compréhensible, évidemment), surtout campé par un casting studieux. On aurait simplement aimé que la mise en scène soit plus poussée, car peu de plans nous ont amusé l’œil, et on parie que Maggie Gyllenhaal peut le faire facilement pour ses prochains films. La dernière scène réconciliatrice nous a beaucoup touchée, et révèle encore toute la finesse de la réalisatrice qui ne juge jamais cette maman, mais préfère s'intéresser à elle jusqu'à la dernière seconde qui nous montre encore une facette inconnue. On le sent bien : Maggie Gyllenhaal peut se lancer dans la réalisation sereinement, ce premier est la promesse d'une belle filmo, à suivre...