Mea culpa, l'entreprise était déjà compromise avant même sa scène d'ouverture, faute à une cicatrice neuronale encore béante depuis l'épreuve Captain Marvel. FOMO social ou curiosité morbide, il s'avère que le spectateur masochiste moyen brûle de rester à jour, donc mea maxima culpa.
Trêve de rancoeur, haut les coeurs, nous voilà repartis pour une énième ponte du MCU, l'insatiable usine à pognon qui persiste dans sa distorsion sur des fondations naguère très sympas.
Puis quelque part entre les tentacules d'un chat et l'expression n°2 de Brie Larson, allez, un peu de bonne volonté, même Madame Web avait fini par devenir divertissant dans son naufrage. Essayons à nouveau d'atteindre cet état de semi-léthargie, ultime outil de survie en terrain cinématographique hostile, juste de quoi se sentir bercé dans l'indigestion sensorielle.
Prenons du recul : et si le film était sorti dans les années 70, sans que ses effets spéciaux ne souffrent, donc, de comparaison avec les récentes prouesses techniques ? Et s'ils avaient choisi d'en faire un court-métrage muet ? Ou si Brie Larson avait une troisième expression ? (soyons juste, Mme Larson a fait ses preuves par ailleurs, ce triste spectacle relève sûrement d'une alchimie ratée entre une actrice oscarisée et son personnage).
Vaille que vaille, faisons du zèle, fermons les yeux sur les lentilles de couleur remplies au Stabilo, ignorons les traits d'humour écrits avec les pieds... Quand arrive le coup de grâce. Douce surprise, nous n'étions pas au fond ! Le seppuku démange lorsque Captain Marvel se met à scintiller, apparaît sa robe de princesse, elle est prête à chanter avec le prince et à envoyer le 7ème art dans les tréfonds du Tartare. À partir de là, il s'agissait de garder les yeux ouverts au milieu des spasmes.
La résurrection ne fut possible qu'en comprenant la cause de ce grand malheur : pour appréhender la bête, ne branchez votre cervelle ni sur le canal science-fiction, ni sur celui réservé aux films dont le budget excède 270 millions de dollars. The Marvels répond au cahier des charges du teen movie girly -un genre tout à fait respectable lorsque correctement étiqueté-, eût-il été présenté comme tel, les ravages auraient été moindres. Moindres, mais tout de même douloureux ; il serait insultant pour le genre de parler ici d'un excellent scénario de chick lit. Soyez alors avertis, intrépides spectateurs, n'entrez qu'avec une humeur aux paillettes et aux blagounettes, n'oubliez pas votre bouclier-tolérance aux piètres performances, et pardonnez les fonds verts évidents, comprenez, le budget n'était pas suffisant.
Mea culpa, mais on ne m'y reprendra pas.