Envoûtant et passionnant.
Difficile d'établir une critique de ce film résolument surprenant. Après le très sérieux et dramatique There Will Be Blood, Paul Thomas Anderson retrouve un peu la folie de son Punch-Drunk Love. Notamment grâce à la présence magistrale de Joaquin Pheonix, qu'on retrouve 4 ans après sa sublime prestation dans Two Lovers. Joaquin Phoenix incarne ici Freddie Quell, ancien soldat marqué psychologiquement par la guerre, qui ne trouve plus sa place dans le monde. Au gré de petits boulots, il est alors recueilli par Lancaster Dodd, joué par Philip Seymour Hoffman. Des deux acteurs, je ne sais pas lequel est le plus taré, mais ça en est jouissif.
The Master, sans jamais trop l'avouer, tourne autour de la Scientologie. Si le sujet peut rebuter 99.5% de la population, le film n'en est pas moins passionnant, et même envoûtant. S'il est un peu long à démarrer, The Master s'emballe dès la première demi-heure, lors du premier face-à-face Phoenix/Hoffman, qui consiste en une interview terrifiante. Un gros moment de cinoche complètement dingue qui vous marquera l'esprit sans l'ombre d'un doute.
Au fil des 2h15, Paul Thomas Anderson attache une attention toute particulière au développement de ses personnages : d'abord effacée, la femme de Dodd jouée par Amy Adams se révèle être un personnage clé de l'histoire. A la fois meneuse et source d'inspiration pour son mari, elle est au centre de cette secte dévouée à élever l'Homme dans un état supérieur. Entre théories fumeuses, expériences grotesques et réunions sectaires, le réalisateur s'en donne à cœur joie. Il suffit de voir la séance d'hypnose, durant laquelle Hoffman se fait interpeller par un invité mettant en doute les méthodes de la Cause. Très vite à court d'arguments, Hoffman finit par lancer un "connard" à son interlocuteur. Vraiment croustillant...
Et bien sûr, si l'histoire est passionnante et si les personnages sont géniaux, n'oublions quand même pas l'emballage : une photographie sublimée par le format 70mm, une retranscription des années 50 d'une grande richesse visuelle (décors, costumes...), et enfin une maîtrise parfaite de PTA derrière la caméra offrant quelques séquences grandioses : il n'en fallait pas tant pour que The Master soit une réussite...