Ce long métrage est d'une telle richesse thématique qu'il est facile de s'y perdre.
La manipulation (d'un homme sur un autre, d'une femme sur un homme, d'un homme sur un groupe), la faiblesse psychologique d'un être humain fragilisé par des événements indicibles. Comment mettre main basse sur la volonté d'un être humain, comment le détruire en lui faisant subir des humiliations, en utilisant ses faiblesses contre lui ? Qui est le Maïtre ? Avec sa gueule d'ange, Amy Adams montre qu'une femme qui sait comment fonctionne un homme en fait ce qu'elle veut. Un homme est faible par nature. Il le sait et cherche à se prouver qu'il est fort en tuant ses sentiments, en privilégiant le sexe à l'amour. Ca devient sa faiblesse...
Joaquin Phoenix, après une vingtaine de minutes au cours desquelles il manque de sobriété (pour un alcoolo, normal me direz-vous ;)) rencontre par le truchement d'une bagarre un médecin, philosophe, physicien nucléaire, psychothérapeute (et oui, tout ça à la fois) qui l'a amené sur son bateau pour le sauver. Il marie sa fille et le présente aux siens. Philip Seymour Hoffman, égal à lui-même, c'est à dire impeccable d'un bout à l'autre, est tour à tour d'une maîtrise de soi absolue et d'autres dépendant affectivement comme un enfant, au bord de la crise de nerfs quand on remet en question ses travaux ou son empire.
Le montage offre une lecture brillante de l'histoire qui est merveilleusement illustrée par la partition de Jonny Greenwood (Radiohead) qui accompagne l'action d'une manière étonnante.