The Master par BastienInacio
"Si tu parviens à vivre sans être sous la coupe d’un maître, fais-le nous savoir, tu en serais le premier homme de l’histoire"
A travers la fresque épique dans le milieu de la pornographie (« boogie nights »http://youtu.be/8mIOLjF9Yo8) , le film chorale ténébreux (« magnolia »http://youtu.be/0UijGgGC040) et la quête de l’or noir (« there will be blood »http://youtu.be/AVFnSYzzNEA) le cinéma de Paul Thomas Anderson ( à ne pas confondre avec le puéril et même pas fun Paul WS Anderson , comme le font bon nombre de journalistes soi-disant professionnels ) est traversé par le même constat : l’homme est constamment contrôlé par quelqu’un d’autre, ou par une force supérieure (dans Magnolia) .
Avec « The master » ; au titre on ne peut plus évocateur, PTA continue son affranchissement entamé par « There will be blood » (le réal était très influencé par le style de Martin Scorsese qui, d’une certaine manière, est son maître à penser) et offre une petite claque visuelle unique et au niveau de lecture foisonnant.
Pour réussir à capter l’essence des années 50, le réal à tourné en 70mm (le film n’est par contre pas commercialisé sous ce format.. dommage) et a opté pour un éclairage crépusculaire et contrasté avec pour résultat la sensation de regarder une photographie datant de cette époque.
Ca ne vaut certes pas les prouesses techniques de David Fincher, mais cela n’en est pas moins saisissant et de toute beauté.
Contrairement à ce que le scandale de l’avant première de Septembre dernier tentait de faire croire, le film n’est pas une critique virulente de la Scientologie (elle n’en fait pas pour autant l’apologie, faut déconner non plus).
Ici, cette doctrine (la secte n’est pas nommé comme tel, pourtant les préceptes sont similaires) est utilisé comme un décor, un moyen pour arriver à une fin, cette fin étant un travail sur le thème de prédilection du réal poussé à son paroxysme.
Tout le long de l’intrigue , qui narre l’histoire d’un vétéran de la guerre autodestructeur au possible (sûrement la meilleur prestation de Joaquin Phoenix à ce jour) servant de cobaye , de petit chien et de source d’inspiration à un gourou charismatique (lui-même dominé par sa femme, vous voyez le délire ?) à coup de séances d’hypnose inconfortables et de lavage de cerveau sensé « soigner » l’homme , PTA n’a de cesse de dérouter les attentes du public, de le frustrer , le rendre mal à l’aise, en ne lui donnant pas toutes les clés de compréhension et l’achève via un ultime face à face abstrait et épuisant (moi-même ne suis pas certain d’en avoir saisi toute la teneur) , ce qu n’est pas une mauvaise chose cependant .
J’aurais toujours une préférence pour le référentiel et la jeunesse désinvolte et enthousiaste de « Boogie nights » et de « Magnolia » (remember le cabotinage enragé de Tom Cruise, son meilleur rôle http://www.dailymotion.com/video/x33oeo_respectez-la-magnolia_fun ), il n’empêche que ce nouvel effort n’en reste pas moins un nouveau coup de « maître ».
PTA voudrait maintenant se lancer dans le blockbuster à grand spectacle et la comédie façon Judd Apatow : j’attends ça avec impatience.