Paul Thomas Anderson fait sans conteste partie des auteurs les plus intéressants de ces dernières années. The Master ne fait que confirmer que décidemment, c’est un réalisateur à suivre. Ce film raconte l’émergence de la Scientologie dans les années 50, à travers le regard d’un vétéran de la seconde guerre mondiale (Joaquin Phœnix), détruit psychologiquement et qui devient en quelque sorte l’égérie du gourou (Philip Seymour Hoffman).
Comme toujours, Joaquin Phœnix livre une prestation sans faute, tandis que Phillip Seymour Hoffman, impressionne d’autant plus. Chose assez extraordinaire et suffisamment rare pour être soulignée Phœnix, bien que parfait n’est pas le meilleur acteur du film, tant Seymour Hoffman irradie. Cela est certainement dû au fait que le rôle de Phœnix est plus facile : un fou, déprimé, alcoolique, aux nombreuses sautes d’humeur et excès de rage tandis qu’Hoffman campe lui aussi un fou, mais plus subtil, sournois, presque normal en apparence, donc beaucoup plus nuancé. Ce duo d’acteurs fonctionne à merveille, leurs folies respectives se répondant en écho, jouant comme deux instruments de musique accordés à l’unisson.
PT Anderson sait filmer et il le prouve à chaque plan. Une soirée mondaine à New-York, les docks de San Francisco, un grand magasin des années 50, les plages du Pacifique remplies de soldats désœuvrés, jusqu’au sillon d’un bateau, tout est sublimé par la technique du cadrage et de la photographie. Chaque plan est un tableau, sur lequel vient se poser une bande-son tout aussi maîtrisée.
Las, cette beauté formelle ne suffit pas à enrober les 2h17 du film. Et l’on finit par s’ennuyer. Après avoir été subjugué par les plans du début, une fois que l’on a compris que l’on allait assister à une leçon de cinéma, on attend de voir le film s’emballer, comme l’ont fait Magnolia ou There Will Be Blood. Dommage, on aurait pu assister à un chef d’œuvre, on a juste un film maitrisé, mais sans profondeur. The Master laisse juste entrevoir le meilleur pour mieux nous décevoir.