The Old Oak se présente comme une fresque sociale ancrée dans un petit village du nord de l’Angleterre, laissé à l’abandon suite à la fermeture des mines de charbon dans les années 1980. Les habitants, déjà en grande détresse économique, subiront comme une nouvelle malédiction l’arrivée de réfugiés syriens. TJ, le propriétaire du « Old Oak », se liera d’amitié avec Yara, une jeune syrienne, et ils tenteront ensemble de lancer un restaurant solidaire dans l’arrière-salle du pub éponyme.
Le sujet central est sans équivoque « la solidarité, pas la charité ». Les oubliés de la désindustrialisation se tourneront vers encore plus vulnérables qu’eux pour trouver un bouc émissaire et un responsable à leur souffrance. Ce rapport de force trouve un écho symbolique dans la course poursuite des chiens, particulièrement bien filmée, et leur rapport de proie et prédateur.
Le thème de la photographie donne une dimension supplémentaire au film, avec la métaphore (facile, mais toujours poétique) du regard que l’on choisit de porter sur les événements. La passion de Yara, et notamment la scène de la projection de ses photos des habitants du village, constitue une sublime mise en abyme du cinéma de Ken Loach, qui dirige avec persévérance et idéalisme sa caméra vers les plus faibles de notre société moderne.
La question de la transmission revient également tout au long du film, d'abord avec la découverte par Yara des photos des mineurs dans l’arrière-salle, puis lors de la visite de la cathédrale, symbole d’un patrimoine millénaire qui lui donne le vertige des destructions de la guerre. Enfin, les questions de la trahison, de la perte d’êtres chers, et du besoin de l’autre pour continuer quand tout va mal, sont évoquées crûment, mais avec une foi en l’être humain du réalisateur toujours très perceptible.
La principale critique que l’on peut adresser à ce film est sa représentation parfois simpliste, probablement destinée à servir le message du réalisateur. D’une part, les migrants Syriens sont principalement des enfants et des femmes (un échantillon pas vraiment représentatif des statistiques de l’ONU) et ont des réactions toujours impeccables face aux agressions quotidiennes de leurs voisins anglais; contrairement à ces derniers dont les comportements sont plus réalistes. La réalisation de la bannière par les réfugiés pour l’offrir en cadeau, par exemple, semble exagérée. D’autre part, la fin est surprenante car la vague de solidarité arrive un peu vite et manque d’un processus de transition.
Finalement, c'est un film à message très évident, mais qui reste crédible et réconfortant, et inspire à garder espoir et à continuer la lutte pour la justice sociale.