Ma foi, The Power of the Dog est le premier film de Jane Campion que je découvre (le DVD de La Leçon de Piano doit être sous blister depuis plus de dix ans, shame on me), et quelle expérience!! Je la classe de suite - aux côtés de cinéastes comme Kore-eda Hirokazu ou très récemment Pedro Almodovar avec Madres Paralelas - comme faisant partie de celles et ceux qui savent où emmener son spectateur en le faisant avec cette force tranquille qui leur est propre. Le propos est ultra-violent et se suffit à lui-même, pas besoin de grande démonstration, ici, tout se jouera purement et simplement au niveau psychologique.
Malgré son rythme lancinant, je n'ai pas vu le temps passer une seule fois, je dirais même plus que ce rythme se calque sur la personnalité de son protagoniste, qui endort son entourage tel un serpent qui attaque sa proie, et pour les spectateurs les moins vigilants, le final sera d'autant plus choquant. Pour ceux qui resteront attentifs, ils se délecteront de la manière dont Jane Campion lâche ses indices ici et là, du début à la fin, mais où on se pose toujours la question du "mais comment ça va finir??"
et pour faire le parallèle avec Madres Paralelas où je me disais que ça allait déraper dans le meurtre à un moment ou à un autre, je me posais la même question ici
et à une époque où le cinéma est de plus en plus prévisible, c'est déjà énorme, et surtout, toujours en non-dits, même si encore une fois, l'interprétation reste plus qu'accessible.
Techniquement, le film est un régal pour les yeux et surtout, porté par un casting impressionnant composé de Jesse Plemons qui monte, qui monte (il retrouvera Scorsese pour Killers of the Flower Moon), Kirsten Dunst qui joue sa maladie tout en nuances, et bien évidemment Kodi Smit-McPhee et Benedict Cumberbatch. Ces quatre-là livrent des performances de premier ordre et participent à la compréhension de l'intrigue et à approfondir leurs personnages juste par la gestuelle.
Bref, The Power of the Dog ramène la violence au cœur du foyer comme Hitchcock le disait lui-même, l'ombre du géant réalisateur de Sueurs froides plane au dessus du film de Jane Campion à maintes reprises, une œuvre riche et intrigante où les destins croisés des personnages sont passionnants!!