Le protagoniste, ou plutôt l'antagoniste, incarné par Benedict Cumberbatch, veut visiblement réaliser l'exploit de faire comprendre en aussi peu de temps que possible qu'il est un gros con. En deux minutes, c'est bon, on a compris. Pas de suspense à ce niveau-là. Et pourquoi pas. Bon reste que le moindre de ses gestes, la moindre de ses paroles sont bien là pour faire entrer au marteau-piqueur cet état de fait.
Ah oui, son attitude de gros con se révèle à travers une masculinité toxique se moquant, écrasant, brûlant tout ce qui lui apparaît trop "féminin"... D'accord, à nouveau une homosexualité refoulée. Quoi, quoi, quoi, je spoile ? À moins d'avoir vécu dans une grotte toute sa vie, sans contact avec un moyen de raconter des fictions, et d'en sortir juste pour aller sur Netflix regarder ce film, franchement, c'est ultra-prévisible. Déjà, rien que dans les décennies 1960 et 1970, il y en a une belle palanquée d’œuvres cinématographiques nageant dans le trouble et dans la langueur morbides avec des personnages agissant comme des crevures parce qu'ils ne peuvent pas assumer ce qu'ils considèrent comme une anormalité. Vous ajoutez un jeune homme au physique trop éphèbe pour notre méchant frustré et c'est bon, vous savez à 80 % ce qui va arriver par la suite.
Je dis à 80 % parce que pour les 20 autres, j'avais bon espoir qu'il y aurait quelque chose d'autre que l'on voit moins venir de mêlé ou d'en parallèle avec le couple (aussi bien à la vie qu'à l'écran !) Kirsten Dunst-Jesse Plemons. Vu comment ils assuraient tous les deux à mort dans la saison 2 de la série Fargo, je me réjouissais d'avance que Jane Campion ait choisi de les intégrer dans la distribution. Mais passé la première moitié, ils sont foutus quasi au dixième plan, comme ça, sans raison. Pourquoi les avoir pris pour en faire pratiquement que dalle ? C'est une déception. Pourtant, il y avait pas mal à construire en ce qui concerne les relations des mariés avec le frère aîné indigne.
Oui, je sais pertinemment que l'ensemble est plus un film psychologique, se tenant sur les comportements des caractères (enfin les deux plus importants et de loin en termes de durée, le viriliste et l'objet du désir, parce que les autres... pff !), sur l'atmosphère en découlant en partie de ces derniers (le reste venant du cadre !) que sur une intrigue un minimum construite. Mais même à travers cette optique narrative, il y avait mieux à faire avec tout ce beau monde. Euh, j'en parle de Thomasin McKenzie qui ne sert vraiment à rien ? Non, je ne préfère pas. Cela va me gonfler encore plus. Que de potentiel gâché !
Bon, allez, pour conclure un peu positivement, je sauve quand même Benedict Cumberbatch à l'aise et bien crade (au sens figuré comme au sens... propre !) dans le rôle d'un salaud, une "leçon" de piano (et une de plus chez la cinéaste !) assez malaisante entre celui qui a besoin de prendre une douche et Dunst (ne faisant que renforcer le regret de voir cette dernière éclipsée par la suite !) et de très beaux paysages néo-zélandais (même si les plans au drone font un peu trop office du tourisme !).