Attendu depuis plus de dix ans, le nouveau film de Jane Campion est au final une douche froide. Et c'est un admirateur de la cinéaste qui le dit, qui tient Bright Star comme un des grands films des années 2010.
L'histoire est celle de deux frères, dans l'Ouest américain des années 1920, qui détiennent un grand ranch, et si l'un est calme est posé, l'autre est du genre colérique. Quand le premier va se marier avec une veuve, c'est l'univers du second qui va s'écrouler.
Il y a une chose qui est assez incroyable de la part de Jane Campion, c'est de faire passer les paysages néo-zélandais comme faisant partie d'un décorum américain, avec ses montagnes à perte de vue, le tout avec de sublimes plans larges qui font vraiment penser à du Western. De plus, elle tire le meilleur parti du formidable Benedict Cumberbatch, plus ambigu que sa constante colère le laisse penser, notamment dans sa relation avec le fils de sa belle-soeur, joué par Kodi Smit-McPhee, qui va prendre une drôle de tournure, disons.
Mais tout cela se fait au prix d'une certaine prétention, voire d'un côté poseur qui est franchement agaçant ; comment expliquer la présence des chapitres qui ne sert à rien ? Comment expliquer que la réalisatrice évoque des sujets actuels comme le virilisme, la toxicité masculin sans jamais oser aller gratter là où ça dérange ? Par exemple, son frère, joué par Jesse Plimons, sait tout ça, il voit le mal que fait Cumberbatch à sa femme jouée par Kirsten Dunst et elle n'en fait rien. D'ailleurs, c'est vraiment honteux de ne rien faire d'un acteur aussi talentueux que Jesse Plimons, ainsi que Dunst, qui passe son temps avec le regard embrumé, et basta.
Grosse déception aussi pour la musique de Jonny Greenwood, à base de violons stridents, alors qu'en écoutant There will be blood ou The master, on sait qu'il a du génie, mais là, il n'a du disposer que d'un seul instrument.
Quant à la dernière partie, essentiellement consacrée à la relation amicale entre Cumberbatch et Kodi Smit-McPhee, elle n'est guère subtile là aussi, sans aucune surprise, jusqu'à une fin où il faut toujours se méfier des cordes... En tout cas, pour les dernières scènes, tout est dit.
Jane Campion met de plus en plus de temps pour réaliser des films, elle s'est également orientée vers la série télé avec Top of the lake, mais dommage que son retour au cinéma passe, pour moi, par la petite porte.