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Quand le mauvais goût devient Proie

Shane Black est un scénariste, producteur et réalisateur américain. A l’origine, il est principalement connu pour être l’auteur de scénarios d’importants films d’action sortis vers la fin des années 80, comme L’Arme Fatale 1 et 2 ou encore Le Dernier Samaritain. C’est en 1987 qu’il se fait remarquer en tant qu’acteur avec le rôle de Rick Hawkins dans Predator de John McTiernan (je pense souvent ressortir cette info, ça permettra de marquer une touche d’ironie). C’est en 2005 qu’il commence sa carrière de réalisateur avec Kiss Kiss Bang Bang, un polar/comédie policière. Il revient 8 ans plus tard avec Iron Man 3, puis en 2016 avec The Nice Guys qui s’inscrit dans la lignée de son premier film. Il est donc à noter que sur une carrière de metteur en scène de 13 ans, The Predator n’est que son 4ème film.


A l’annonce d’un film sur le Predator, je suis resté quelque peu abasourdi face à la stupidité même de l’idée. A l’époque en 1990, Predator 2 était une suite déplorable face au premier. Au début des années 2000, les immondices que sont Alien vs Predator et sa suite envahissaient les salles sombres du mauvais goût du réalisateur Paul W.S. Anderson. Predators en 2010 avec Adrian Brody était un reboot des plus mauvais. La question se pose alors : pourquoi essayer de continuer de banquer sur une créature qui ne fonctionne plus ?
Je restais également dubitatif face au choix du réalisateur également. Si j’aime beaucoup son The Nice Guys et que je n’ai pas une haine existante contre son Iron Man 3, choisir un metteur en scène qui réussit plus dans le comique pour un film sur le Predator, ça sonnait déjà comme catastrophe dans ma tête.
Assis dans la salle, les pubs et bandes annonces passées, les lumières s’éteignent. Et là, le massacre cinématographique commence.


Je pense qu’en premier lieu, parmi tous les problèmes du film, on va pouvoir commencer par le scénario. Parce que personnellement, je pense sincèrement que le scénariste a été kidnappé et est retenu en otage dans une forêt au Mexique. Comment peut-on avoir autant d’incohérences et d’inepties scénaristiques tout en donnant l’impression d’en n’avoir rien à foutre ? Des objets apparaissent et disparaissent, les personnages se téléportent tel Sangoku, on fait des grosses lignes sur la fin de notre espèce et le réchauffement climatique tout ça pour nous offrir à la fin une sorte de gros doigt d’honneur aux spectateurs, et j’en passe. Juste un exemple : au début du film, le protagoniste avec l’aide de whisky avale une sorte de boule de métal qu’il avait ramassée dans le brassard du Predator. On appuie sur cette action avec plusieurs plans puis… plus rien. Ça disparaît entièrement de l’intrigue alors que le film semble y faire plusieurs fois y faire allusion, mais en fait non. Ça n’a réellement aucun sens. Je suis également vraiment obligé de revenir sur la séquence qui parle de l’extinction de notre espèce. La scientifique dit que les Predators cherchent juste à réunir le meilleur de chaque espèce qu’ils chassent, et vu que notre monde semble être condamné dans les 20 prochaines années, on va dire qu’ils se dépêchent de récolter ce qu’ils veulent. Seulement, dans le film, le premier Predator qu’on a vu arriver a amené quelque chose à l’humanité pour empêcher la fin de notre espèce. On arrive à la fin du film, et en fait, ce qu’il a amené, c’est une armure pour pouvoir se battre contre les Predators, laissant présager une suite. Mais pourquoi n’as-tu aucune logique, film ?!?


Avec cet élément qui arrive facilement à plomber tout le film, on peut y rajouter la squad de no-names plus débiles les uns que les autres, un héros plat et peu charismatique, et une scientifique étudiant les astres qui en 2 jours se bat déjà mieux que des soldats entraînés.
La mise en scène est d’une mollesse assez désastreuse, les scènes d’action sont ennuyeuses, répétitives et mal découpées. Le film se permet aussi de faire des scènes d’exposition d’une gratuité pure, montrant son incapacité à amener facilement les caractéristiques de certains personnages, comme l’enfant atteint d’autisme.
L’humour ne colle de pas du tout au film et est d’une lourdeur pas possible. On sent alors la patte du réalisateur qui essaye d’intégrer ce qu’il aime faire, mais sauf qu’ici nous ne sommes malheureusement pas dans un polar comique, mais dans un Predator. Vous aurez plus de chance de rire du film plutôt que de rire avec lui de ses tentatives.
Le film essaye également en permanence de faire des références au premier film, et là s’offre à vous 2 cas : le premier, vous n’avez pas vu le film de 87 et donc vous ne captez pas les refs et vous vous en foutez. Le deuxième, vous l’avez vu, vous connaissez les refs, et cet amas de clins d’œil forcés arrive rapidement à vous gaver et à vous faire sortir du film


Pour moi il reste quand même assez dingue d’avoir cette impression que Shane Black, qui a joué dans le Predator de John McTiernan de 87, ne semble rien avoir compris à la mythologie même de la créature, de ce qu’elle représente et de la mise en scène du dit réalisateur. La tant soit peu idée intéressante du film se trouve dès le début, quand un Predator invisible se fait toucher par un shuriken qui découpe également un cadavre en l’air. De la moitié du cadavre restant coule du sang qui tombe sur le Predator au sol et le fait découvrir. Dans ce petit morceau de séquence, on peut juste entre-apercevoir l’idée de l’organique qui recouvre le numérique et qui permet alors de détecter l’artifice, une sorte de mise en avant des effets spéciaux qu’on utilise aujourd’hui face aux anciens, comme avait pu faire Terminator 2 de James Cameron en 1991. C’est la seule idée du film un peu originale sur les 1h45 de torture visuelel et auditive qu’il va vous infliger.


Pour conclure, The Predator de Shane Black est un film complètement raté. Ne sachant pas sur quel pied dansé, il vacille entre vannes à stupidité astronomique et scènes d’action ennuyeuses et mal montées, et doit vivre avec le poids d’un scénario sûrement écrit sur un timbre déchiré en 1000 morceaux. Sorti le même jour que First Man de Damien Chazelle et The House That Jack Built de Lars Von Trier, je vous conseille vivement de vous tourner vers ces 2 autres films que cette perte de temps et d’argent qu’est The Predator.

The80sGuy
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le 18 oct. 2018

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