En dépit de quelques imperfections, Revenge (précédent film de Coralie Fargeat) impressionnait en détournant avec audace et pertinence les codes du rape & revenge, pour accoucher d'un survival à l'esthétique publicitaire voire porno-chic sans cesse pervertie. De par son pitch, The Substance se prêtait à des expérimentations similaires et pourquoi pas plus poussées... Et la déception est d'autant plus grande.

Avec un scénario aussi peu développé, sans véritable enjeu et cousu de fil blanc dans un univers qui tient plus de la fable que de l'approche sans concession du star-system, le film n'existe au final que pour son propos, qui passe avant tout par le visuel et le sensoriel. Pourquoi pas, à ceci près que l'évidente influence de Stanley Kubrick, David Cronenberg, Stuart Gordon et Brian Yuzna ou même Frank Henenlotter se limite à des gimmicks au final assez vains : la clinicité n'y est jamais aussi froide et donc malsaine que chez Cronenberg, l'inquiétante étrangeté jamais aussi peaufiné que chez Kubrick, l'outrance jamais aussi radicale que chez Gordon et Yuzna, le délire jamais aussi frondeur que chez Henenlotter.

Pire encore : en plus de rapidement tourner à vide, l'image ainsi désincarnée, superficielle, vidée de toute substance (quelle ironie !) sombre dans ce qu'elle prétend dénoncer. Body-horror qui au fond craint de remuer les corps et de questionner leur représentation, The Substance honore plus Margaret Qualley et son justaucorps qu'il ne s'attarde réellement sur la souffrance de Demi Moore. Jamais perverti par manque une fois de plus de véritable point de vue, le vulgaire étalage de chair est au mieux inconséquent et au pire hypnotique là où, sur un sujet similaire, le Showgirls de Verhoeven finissait par écœurer pour in fine forger une anti-héroïne véritablement contre-culturelle. Une autre référence, encore une, tout aussi mal digérée que les autres, d'un film décidément très synthétique... Au sens textile, artificiel du terme, s'entend.

Simon-Perdrix
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le 8 nov. 2024

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Simon Perdrix

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