Coralie Fargeat vient littéralement plier le game en posant ses ovaires sur la table.

Quand une star de la télévision tente une cure de rajeunissement pour rester sous les feux des projecteurs…


En seulement 2 films, Coralie Fargeat a réussi à s’imposer dans le cinéma français (et mondial, comme en atteste son nouveau film qui bénéficie d’une coproduction étrangère et d’une exploitation aux quatre coins du globe). Après son rape and revenge féministe (Revenge - 2017), elle vient littéralement plier le game en posant ses ovaires sur la table et en prouver que le cinéma de genre et le body horror ne sont pas l’apanage des hommes.


Avec The Substance (2024), elle traite d’un sujet éminemment d’actualité, à savoir, est-ce que les actrices passées un certain âge ont une date de péremption ? L’industrie cinématographique (et pas seulement à Hollywood) ne cesse de le prouver depuis des décennies, en effet, à partir d’un certain seuil, on ne propose plus aucun rôle aux actrices importants (elles sont relayées au second plan), préférant favoriser les femmes bien plus jeunes (et plus attirantes, aux dires de certains, alors que les femmes d’un certain âge ont toujours un certain sex-appeal), tandis que les hommes eux, n’ont pas de soucis à se faire de ce côté là, puisque c’est bien connu, avec le temps, ils se bonifient (ironie).


Le film est un formidable pamphlet féministe, qui dénonce le male gaze, les diktats de beauté qui nous sont imposés dans une société toujours plus patriarcale, doublé d’une réflexion très pertinente sur le vieillissement et les dérives du jeunisme. Pendant 140 minutes, la réalisatrice ne lésine sur rien pour nous en mettre plein la vue. Basé sur un scénario particulièrement intelligent et une mise en scène brillante (l’utilisation de la courte focale ne sur le personnage d'Harvey pour le rendre encore plus laid et exécrable qu’il ne l’est déjà) et un sound design très travaillé, ce qui nous donne droit à des moments d’anthologie qui ne sont pas sans rappeler quelques classiques du 7è Art, tels que Carrie au bal du diable (1976), Elephant Man (1980), Vidéodrome (1983) ou encore La Mouche (1986).


Coralie Fargeat parvient à rendre son film sexy et écoeurant à la fois, en hypersexualisant les corps des femmes pour mieux dénoncer leur objectification (mémorable scène d’aérobic) ou à travers les nombreuses (âmes sensibles s’abstenir) scènes de body horror et diverses injections (parfois dans des corps purulents) où les transformations physiques s’opèrent pour le bien comme pour le pire…(les makeup prosthetic sont impressionnants). Côté casting, il faut saluer le courage de Demi Moore qui, à 60 ans, a accepté d’apparaître dans le plus simple appareil (c’est peu de le dire), aux côtés de la ravissante et endiablée Margaret Qualley et du détestablement génial Dennis Quaid (qui a remplace au pied levé Ray Liotta, décédé à quelques semaines seulement du tournage).


Avec son deuxième film, la réalisatrice devient la digne successeure de David Cronenberg, tant le résultat s’avère parfaitement jubilatoire, outrancier, voire même grand guignolesque. C’est son jusqu’au-boutisme qui nous séduit et le fait que le film ne relâche jamais la tension et ce, jusqu’au générique de fin. Saluons ce tour de force made in France (coproduction franco-britannique, intégralement tournée en France, dans les Alpes-Maritimes pour les extérieurs et aux studios d'Épinay-sur-Seine pour les intérieurs).


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le 11 nov. 2024

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