Elle en pire
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Franchement, je ne sais même pas par où commencer tellement ce film m’a retourné. The Substance est pour moi LE coup de cœur de 2024. Ce n’est pas juste un film, c’est une expérience, une claque qui te secoue autant par son histoire que par sa mise en scène.
L’histoire suit une ancienne star hollywoodienne, déchue à cause de l’âge et de la dégradation de son corps. Elle décide alors de s’inscrire à un programme révolutionnaire qui promet de lui redonner sa jeunesse et sa beauté. Mais ce qui devait être un renouveau tourne vite au cauchemar. Derrière cette intrigue, le film traite de thèmes profonds comme notre rapport à nous-mêmes, le manque d’estime personnelle, et cette incapacité qu’on peut avoir à s’accepter tel qu’on est.
Une histoire qui frappe juste
Le film a reçu le prix du meilleur scénario, et franchement, c’est mérité. L’histoire est puissante, sans filtre, et on peut tous se reconnaître, à un moment ou un autre, dans le personnage principal. Dès le début, la réalisatrice installe un climat sensuel : les formes, la beauté, le glamour sont au centre de l’attention. Mais au fil de l’histoire, tout ça se dégrade, et ce qui semblait séduisant au départ devient répugnant. On est forcé de réfléchir : est-ce que ce sont vraiment les formes et l’apparence qui définissent une personne ?
Un moment marquant, c’est quand la protagoniste, redevenue jeune grâce au programme, décide de changer de nom et de s’appeler Sue. Pourtant, elle ressemble exactement à la star qu’elle était dans sa jeunesse. Mais personne ne la reconnaît. Ce détail est hyper fort parce qu’il montre qu’on accorde plus d’importance à l’apparence qu’à la vraie identité d’une personne. C’est comme si son corps était là, mais son essence, ce qui faisait qu’elle était unique, avait disparu.
La scène du faux sourire : un symbole poignant
L’une des scènes les plus percutantes du film est celle du faux sourire. Le personnage principal, édenté, rongé par la douleur et la honte, est forcé de sourire pour plaire. Ce sourire est grotesque, presque inhumain, et représente parfaitement cette injonction constante à être "parfait" ou "beau" même dans les pires moments.
Mais ce n’est pas tout. À un moment, alors que l’attention des autres personnages se détourne d’elle pour admirer de jeunes danseuses, elle laisse échapper une larme. Ce détail est bouleversant : il montre qu’elle est coincée dans cette mascarade, incapable de s’exprimer autrement qu’en répondant aux attentes des autres. Ce sourire faux et cette larme discrète résument toute la tragédie du film.
Une mise en scène dérangeante et puissante
La façon dont le film est réalisé est à la fois magnifique et perturbante. Les scènes gores et dégueulasses ne sont pas là juste pour choquer. Elles montrent à quel point le personnage principal est dégoûté par elle-même. On le ressent physiquement en tant que spectateur.
Il y a une scène qui m’a vraiment marqué : la salle de bain. La protagoniste crée une pièce sombre et sale où elle cache son corps. C’est hyper symbolique. Elle ne veut même plus se voir ou se toucher, comme si elle rejetait complètement ce qu’elle est devenue. C’est puissant et glaçant.
Le choix des lumières aussi est très marquant. Tout le film est baigné dans une lumière artificielle, presque froide. Ça reflète bien ce masque qu’elle porte pour paraître parfaite alors qu’elle est complètement détruite de l’intérieur. Et ce contraste entre cette lumière éclatante et les coins sombres de la salle de bain renforce encore plus cette dualité entre l’image qu’elle projette et ce qu’elle ressent.
Une fin qui t’attrape à la gorge
La dernière partie du film est complètement folle. Tout devient absurde et grotesque. Elle s’enferme dans une quête désespérée pour plaire aux autres, mais c’est peine perdue. C’est tragique parce qu’on sait qu’elle n’arrivera jamais à satisfaire les attentes des gens, ni les siennes d’ailleurs.
La musique joue un rôle énorme dans cette tension. On est oppressé par les sons, les bruitages, tout est fait pour qu’on se sente aussi mal qu’elle. Les violons stridents, les bruits de chair, tout ça nous plonge dans une ambiance angoissante où on ne peut pas respirer.
En résumé
The Substance n’est pas juste un film sur l’apparence, c’est un film qui te fait réfléchir sur ta relation avec toi-même, sur ce que tu veux montrer aux autres et sur ce que ça coûte. La scène du faux sourire est un symbole parfait de cette société qui nous force à porter un masque en permanence, même quand tout va mal.
La réalisatrice te prend par la main au début, avec des scènes séduisantes, pour mieux te retourner l’estomac à la fin. C’est un film qui ne laisse pas indifférent. Si tu veux un conseil : regarde-le, mais prépare-toi. Ce n’est pas une balade tranquille, c’est une plongée dans un enfer très humain, celui qu’on se crée soi-même en refusant de s’aimer.
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Créée
le 28 nov. 2024
Critique lue 6 fois
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