On n'y croyait plus, mais ça y est, revoilà Big John.
Pour le meilleur ou pour le pire ? A vrai dire, ni l'un ni l'autre, puisque pour son grand retour, le mythique cinéaste (HALLOWEEN, THE THING, THEY LIVE... Excusez du peu) s'empare d'un scénar tout ce qu'il y a de plus banal, comme le cinéma d'horreur nous en pond quinze par ans. Incohérences, personnages stéréotypés, twist vu et revu (un indice mis en évidence à 8 minutes de film ne vous laissera même pas le temps de vous creuser les méninges)... Pour se remettre en selle en douceur, Carpenter valide un script imparfait, destiné aux teenagers américains et non aux fantasticophiles trop regardants...
Le film joue donc sur deux terrains. Le réalisateur essaye d'une part de se mettre à jour et de plaire aux nouvelles générations, l'utilisation de la technique du jump scare allant dans ce sens, et d'autre part de satisfaire les fans de la première heure. Pari risqué.
A l'écran, THE WARD ressemble autant à une production "horrifique" américaine typique du 21ème siècle (au hasard, DESTINATION FINALE) qu'à un VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU féminin... A ce programme s'ajoutant in fine la fameuse patte carpenterienne et un discret hommage au genre du giallo.
Quelque peu en retrait, la mise en scène du cinéaste ne manque cependant pas, par moments, de transparaitre au détour d'un couloir superbement cadré et photographié. Mais si on ne peut pas enlever à THE WARD sa réussite esthétique, on est en droit de lui reprocher sa bande originale, que le Maître ne signe pas (et qui fait pâle figure face aux titres les plus glorieux de sa filmo), ainsi que son montage inégal et poussif.
En fin de compte, si THE WARD convainc malgré ses nombreux défauts, c'est en partie pour son casting. L'alchimie entre les colocataires de l'asile est indéniable, mais surtout, l'héroïne pyromane prend de la consistance sous les charmants traits d'Amber Heard. Il fait aussi plaisir de constater que Carpenter croit en ce qu'il filme, la maladresse de l'affaire s'effaçant quelque peu derrière son indubitable honnêteté.
Longuet, écrit sans génie aucun, THE WARD propose cependant de jolis passages opératiques (les scènes d'exécution), distille une atmosphère franchement pas déplaisante et dévoile un "boogeyman" qu'on aimerait bien revoir sur grand écran un de ces quatre... Pour un THE WARD 2 débarrassé des erreurs de ce premier volet ? Rien n'est moins sûr, le succès ne semblant pas vraiment être au rendez-vous (il faut dire que les distributeurs ne font rien pour).
Quoiqu'il en soit, ne loupez pas ce timide retour (mais retour quand même) du maître Jean Charpentier, en attendant un prochain chef-d'oeuvre.