Achétype du film surestimé
Ce qui, venant d'un réalisateur surestimé, est le moins qu'on puisse attendre. Vendu comme un "nouveau David Lynch" lors de la sortie du film Pi, Aronofsky n'a en réalité pas grand chose de neuf à proposer avec son cinéma. Pi, donc, n'était qu'une bizarrerie prétentieuse ressemblant vaguement à Eraserhead (qui n'est pas le meilleur Lynch), dont l'intérêt tournait vite court.
Avec "The Wrestler", j'avais entendu dire qu'on tenait là le meilleur Aronofsky, sorte de rédemption après le paraît-il atroce "The Fountain" (que je n'ai pas vu). Si je voulais être méchant, je dirais qu'il faut vraiment avoir une culture cinématographique pauvre pour apprécier autant un film aussi moyen, et d'une grande banalité. Des films sur la même trame (gros loser qui tente de combattre son destin mais ne fait que le réaliser) existent en quantité innombrable, et on en connaît de plus beaux.
Si le scénario n'est pas très surprenant (Randy est une star du catch des 80s, mais 20 ans après il n'est plus qu'un raté qui s'abîme la santé en conciliant petit job minable et catch de seconde zone), le cadre n'est pas si original qu'on pourrait le croire, ce "sport" ayant déjà inspiré d'autres films, et même un excellent reportage de l'émission Striptease, bien plus intéressant que The Wrestler ! On a également beaucoup parlé de la prestation de Mickey Rourke, en faisant des parallèles entre son rôle et son parcours personnel, qui possèdent quelques similitudes. Oui, Mickey n'est pas mauvais, suffisamment esquinté de la gueule avec ses lèvres atrocement botoxées pour être crédible. Son jeu de chevelure n'est pas mal non plus, et les coups de fouet lancés dans les airs grâce à sa crinière blonde dégueulasse sont sans doute ses meilleures répliques.
Niveau cinématographique, c'est quasiment le néant, Aronofsky filmant l'histoire comme les frères Dardenne, de façon documentaire ou "cinéma vérité". Ce choix ne fonctionne pas vraiment, et le seul moment où l'on assiste à du cinéma est la scène durant laquelle on suit Randy de dos, alors qu'il déambule dans les couloirs avant d'entrer au rayon boucherie du supermarché pour bosser... La scène est filmée comme son entrée en scène sur le ring avant ses matches, et le truc marche plutôt bien. On retiendra aussi la séance de dédicaces pathétique, et peut-être des bouts de combat. Pour le reste, les personnages laissent largement indifférents (la fille délaissée par un père indigne casse les oreilles) et on ne se sent pas très impliquée par l'intrigue. Aronofsky ne se fait même pas chier à conclure son film et laisse chacun imaginer une fin en fonction de ses envies.
Que dire d'autre ? sinon évoquer cette scène où Randy fait part de sa nostalgie des super années 80, tuées par cette "fiote de Kurt Cobain". Non, vraiment, on ne comprend pas l'intérêt d'un tel film...