Dans son nouveau film, Joachim Trier nous offre un savoureux thriller romatico-fantastique à la sauce nordique. L’exercice de style, maîtrise des plans et effets son et lumière sont réussis.
Ce film aborde à travers le personnage de Thelma la période charnière de l’émancipation. Cette émancipation n’est qu’illusoire de part son enchaînement pesant à une série de poids : l’intrusion parentale (et surtout paternelle) excessive à coup de préceptes religieux puritains culpabilisants et les non-dits flottants autour de la famille et l’enfance de la jeune fille.
Cette série de poids se heurte à la découverte des expériences de la vie : alcool, cigarettes et brûlant désir amoureux refoulé.
Thelma étudie la biologie, Anja la chimie. Le tableau est posé.
Anja sera le catalyseur, la fine dose de piquant, d’érotisme auquel Thelma sera le corps réceptif.
Un coup de cœur pour la performance des deux actrices : Eili Harboe au visage pâle et taciturne apporte une hypnotisante beauté qui s’accorde avec la prestance de la grande et jolie Okay Kaya.
De manière personnifiée, le réalisateur nous invite à vivre les expériences sensorielles du processus amoureux : le coup de foudre au premier regard, la montée du désir brûlant à travers une épique et magnifique scène d’opéra et le fantasme coupable du plaisir sexuel.
Son, lumière, esthétisme et prestation sans faille des deux protagonistes nous procurent une séduisante dimension.
En suivant son cœur, Thelma a trouvé en Anja quelque chose de plus fort qui lui a permis de plonger dans les abîmes profonds de son âme et à se lester de ce poids patriarcale religieux qui étouffe ses secrets trop longtemps enfouis en elle.
Une fois remontée à la surface, Thelma est libérée du père, a redonné espoir à sa mère et a ressuscité au grand jour l’amour de sa vie.
C’est au travers d’un visage grandit, apaisé et aimé que l’on quitte Thelma avec la satisfaction d’une paix intérieure et d’une parfaite maîtrise des pouvoirs qui lui incombe.