A Thor et à raison

Deux ans que l'on était sans nouvelles du dieu du Tonnerre; la dernière apparition de Thor sur grand écran était aux côtés de ses collègues super-héros, occupés à débarrasser la terre du maléfique Ultron dans "Avengers 2ième du nom".
Entretemps, s'est déroulé la "Civil War", ayant vu s'opposer de manière musclée Iron Man et Captain America pour divergences d'opinions, le tout ayant entraîné rien moins que la scission (provisoire, Disney oblige !) du groupe des Avengers.

"Iron Man" et "Captain America" ayant maintenant bouclé leurs trilogies respectives, c'est désormais au tour de notre amis asgardien de faire de même.
Osons le dire; si Thor constitue en toute objectivité un personnage des plus sympathiques de l'univers Marvel, l'évocation de sa troisième aventure solo avait de quoi légèrement inquiéter, après deux premiers opus assez mitigés (pour ne pas dire "franchement moyen") ; la faute à une direction artistique relativement calamiteuse, des acteurs parfois un peu trop en roue libre, sans parler de CGI et autres effets spéciaux numériques parfois franchement discutables.
Et puis sont arrivées les bandes-annonces de ce fameux "Thor : Ragnarok", laissant présager une nouvelle orientation des exploits du dieu du tonnerre, sur fond de "Led Zeppelin" et de séquences de combats épiques.
Bref, maintenant que le film est sortit, est-il finalement à la hauteur des attentes ? Eh bien, globalement... Oui !

Disons le d'emblée, "Thor Ragnarok" est non seulement un film très différent de ses deux prédécesseurs mais en plus, il leur est bien supérieur (ce qui n'est pas un exploit, ceci dit).
De par son esprit ouvertement comique, son second degré permanent et l'irrévérence affichée par les personnages nouveaux comme anciens (Thor y compris) sans parler de son rythme effréné, "Ragnarok" est plus proche des "Gardiens de la Galaxie" que de "Captain America - Le soldat de l'hiver".
Ce changement radical de ton, nous le devons à son réalisateur d'origine néo-zéelandaise, le peu connu Taika Waititi, auteur de le documentaire parodique "Vampire en toute intimité".
En effet, dès les premières minutes, le metteur en scène, par le biais de dialogues bien décalées sur fond de situation délicate, nous fait comprendre que son film ne sera jamais très sérieux et se paie même le luxe de révéler au passage le sens de l'autodérision du comédien Chris Hemsworth (l'interprète de Thor), élément qui faisait cruellement défaut au personnage dans ses deux premières aventures.
Cela dit, si l'ambiance se situe clairement du côté de la déconnade, du fun et de l'action décompressée, le film n'en oublie pas de raconter une histoire. D'ailleurs, sur ce plan-là, on peut clairement affirmer que "Ragnarok" est clairement le plus aboutit de la trilogie.
Bien qu'assez classique d'un point de vue narratif (les personnages devant traverser toute une série d'embûches pour finalement mieux se préparer à affronter leur nouvel ennemi(e), la redoutable Héla, déesse de la mort), le scénario multiplie les personnages burlesques et situations cocasses tout en restant relativement concis dans ses enjeux :

• l'occasion pour Thor de démontrer qu'il peut finalement devenir un bon roi pour son peuple,




• l'éternelle rivalité fraternelle entre ce dernier et son demi-frère Loki appelé à évoluer suite à d'importantes circonstances familiales que nous tairons ici.

Que ce soit dans ses moments de pure comédie ou au contraire dans ses instants plus tragiques ou épiques, "Thor Ragnarok" trouve toujours le ton juste. En effet, là où les derniers films du MCU finissaient par lasser à force d'utiliser l'humour à outrance afin de désamorcer tout effet dramatique, ce film-ci parvient à ne pas tomber dans ce piège. Pourquoi ? Tout simplement, parce que TOUT, dans ce troisième volet, a été pensé de A à Z pour provoquer un maximum de détente et de décompression chez le spectateur.
Ainsi, les scènes d'action épiques (autre point d'amélioration par rapport aux deux premiers films) sur fond de "Stairway to Heaven" tonitruants, les apparitions impliquant les nouveaux personnages que sont le Grand Maître (interprété de manière très savoureuse par un Jeff Goldblum survolté) et la badass Valkyrie (interprété par la mignonne et énergique Tessa Thompson, révélé par le film "Creed"), le duo comiquo/musclé formé par Thor et Bruce Banner (aka l'incroyable Hulk) donnant par ailleurs au film des airs de "buddy movie " (films de potes) style "L'Arme Fatale" ou "Rush Hour", constituent autant de trouvailles hilarantes qui font de ce troisième opus du dieu du tonnerre un très grand moment de divertissement, un excellent "pop-corn movie" qui ne se prend pas au sérieux une seule seconde tout restant crédible dans son intrigue et ses enjeux narratifs.
Ajoutons à cela une Cate Blanchett qui, pour notre plus grand bonheur, semble éprouver énormément de plaisir à jouer les vilaines de service.

Moins grandiloquent, plus rythmé, moins kitsch, nettement plus abouti visuellement et surtout beaucoup plus décomplexé que les deux premiers films, "Thor Ragnarok" s'affirme clairement comme le meilleur épisode de son (super)héros, en plus d'être l'un des films les plus réussis du MCU depuis un bail (euphémisme).

En un mot comme en cent, ne boudez pas votre plaisir !