Je m’étais promis de ne pas le voir, d’arrêter avec Marvel. J’ai cédé à vos critiques élogieuses. Autant j’aimais dans le Marvel de papier les héros tourmentés, les mutants bondissants, les étudiants et industriels aux identités secrètes envahissantes, autant je reconnais avoir eu plus de mal avec les demi-dieux et les walkyries. J’apprécie la mythologie, à condition qu’elle se cantonne aux péplums.
Le Thor de Kenneth Branagh était hautin et pontifiant. On sentait Chris Hemsworth gêné par la petitesse de notre monde et l’étroitesse de nos esprits. Il s’y est manifestement fait. Thor est désormais cool et pote avec Hulk. Pour Taika Waititi le monde se doit d’être cool, fut-il apocalyptique.
Ragnarok, c’est laid et ça bouffe à tous les râteliers. Vous y retrouverez l’esprit caustique des Gardiens de la Galaxie, les créatures délirantes de Star Wars, le trou noir de Star Trek (rebaptisé d’un gracieux Anus de Satan) et un Hulk abêti. Vous y apprendrez que le sage Odin a connu une période Gengis Khan, qu’il subsiste de cette époque gothique une fille cachée passablement rancunière et que : « Asgard est plus qu'un lieu, il existe grâce à son peuple ! » D’ailleurs, on vous le répétera dix fois, Asgard, c’est plus qu’une planète, c’est un peuple, puisqu’on vous dit. Thor finira par l’admettre et acceptera de ceindre la couronne d’un peuple privé de terre. Je ne sauverai que le jeu de Tom Hiddleston (Loki) et quelques bonnes vannes. C’est peu.