Trois ans après Tintin et le Temple du soleil, Belvision réalise un nouveau film Tintin nommé Tintin et le Lac aux requins.
Tintin et le Lac aux requins est un cas particulier parmi tous les films adaptant les aventures de notre reporter préféré.
En effet, contrairement à la série d'animation Belvision et le film d'animation Tintin et le Temple du soleil, Tintin et le Lac aux requins n'est pas l'adaptation d'un album existant mais une intrigue inédite imaginée par les studios Belvision. Toutefois, celle-ci pourrait éventuellement être considérée comme faisant partie du canon Tintin étant donné qu'Hergé et Greg en ont fait un album en style bande-dessiné le film ayant plu au créateur du reporter à houppette.
Si on prend en compte le film d'animation Belvision Tintin et le Temple du soleil sorti avant cette oeuvre inédite, Tintin et le Lac aux requins se déroulerait chronologiquement entre les albums Le Temple du soleil et Tintin au Pays de l'or noir.
Mais revenons sur le film.
Quelle en est l'histoire? Tintin, le Capitaine et les Dupondt se rendent au calme en Syldavie dans une villa de Tournesol appelée la villa Sprok près d'un lac artificiel considéré comme maudit. Mais alors que le séjour avec leur ami devait se passer au calme, il semblerait que des activités louches se déroulent non loin du lac, et peut-être même plus près, activités qui vont perturber le séjour du groupe.
La première chose agréable à constater est que l'animation s'est grandement améliorée par rapport au premier opus et les designs des personnages sont plus jolis à regarder.
De plus, Tintin et ses amis se rendent en Syldavie, pays imaginaire déjà visité par Tintin dans Le Sceptre d'Ottokar.
(on a également une référence à l'album Le trésor de Rackham le Rouge puisque ce sous-marin créé par Tournesol apparaît au cours de l'histoire)
Et ce n'est pas la seule chose: contrairement à l'album cité, on ne voit pas Klow, la capitale 'moderne' de la Syldavie mais tout simplement la partie isolée du pays où la civilisation 'moderne' n'est pas très présente. Et ce n'est pas tout, alors que dans Le Sceptre d'Ottokar, cette partie isolée n'est que survolée, dans Tintin et le Lac aux requins, celle-ci est davantage explorée avec des paysages où l'on voit des animaux sauvages, des habitants vêtus de vêtements ressemblant à ceux de siècles éloignés et des danses traditionnelles entraînantes.
Encore mieux que cela, on s'attarde sur deux habitants de la région. Il s'agit de deux enfants: Niko et sa soeur Nouchka avec lesquels Tintin devient ami comme cela arrive avec de nombreux enfants de l'univers de Tintin.
Le premier qui fait une blague dégueu sur le fait que notre héros semble un peu trop aimer les enfants alors qu'il est déjà 'grand', je rappelle que Tintin lui-même peut être considéré comme un enfant vu que dans ses premières aventures, il a 14 ans et grandit au fil des tomes jusqu'à avoir 17 ans. Ce qui veut dire que le fait qu'il s'attache facilement aux enfants uniquement parce qu'il est un adolescent considérant les enfants comme des petits frères et soeurs de substitution.
Quant à ceux qui shippent Tintin et Haddock, je rappelle que ce dernier a 45 ans et que Tintin est encore un adolescent. Ce qui signifie donc qu'on appelle ça du détournement de mineur (sans compter le fait que le Capitaine appelle régulièrement Tintin 'Mon garçon' ou encore 'Fiston'). Pas très sain, n'est-ce pas? Alors, on se calme bande de gros dégueulasses!
L'amitié entre ces trois-là, bien qu'elle naisse trop rapidement et soit trop peu exploitée, est assez touchante étant donné que Tintin partage des moments complices avec les deux mômes...
...et qu'ils se sauvent les uns, les autres lors de certains dangers se déroulant durant le film.
De plus, ils sont doublés par deux vrais frère et soeur Jacques Vinitzki et Marie Vinitzki, et ont droit à une jolie chanson au cours du film bien plus jolie que les chansons de Zorrino et Maïta dans le film précédent.
https://www.youtube.com/watch?v=VcOk8XRjcqk
Puisqu'on parle de musique, Jacques Rauber est de retour pour faire la BO du film. Notamment avec un nouveau thème principal qui, s'il n'est pas aussi entraînant que celui de Tintin et le Temple du soleil, est rythmé et agréable à entendre.
https://www.youtube.com/watch?v=V77_-L70IsE
Revenons maintenant sur les voix. Pour notre plus grand plaisir, Claude Bertrand en Haddock, Henri Vilorgeux en Tournesol et Guy Piérauld et Paul Riéger en Dupondt sont de retour. De plus, il y a un nouveau-venu à savoir Serge Nadaud en Rastapopoulous excellent dans le rôle du méchant principal de Tintin; méchant faussement distingué et sadique à souhait.
Mieux encore, nous avons Micheline Dax en Castafiore. Personnage se révélant surprenamment utile à l'histoire et ayant ses caprices de diva passant à la trappe.
Par contre si les anciens et nouveaux interprètes sont excellents, ce n'est, malheureusement, pas le cas de l'un d'entre eux. En effet, Philippe Ogouz a quitté le navire et laissé sa place à Jacques Careuil. La voix de ce nouveau Tintin ne fait pas mouche une seule seconde ce dernier ayant une voix plus proche de celle d'un enfant que celle d'un adolescent. Résultat, on a plus l'impression d'entendre la voix d'un petit garçon que celle d'un jeune adolescent dynamique et plein d'entrain, ce qui rend le Tintin de cette aventure peu convaincant.
Puisqu'on en est aux défauts, attardons-nous plus en détails sur eux. S'ils envahissent bien moins le récit que dans le film précédent, les Dupondt sont toujours aussi inutiles bien que les gags autour d'eux soit mieux écrits que dans l'opus d'avant.
De plus, alors que le Capitaine Haddock semblait partie pour être plus utile dans l'histoire que le film précédent, il ne l'est finalement que trop peu et est réduit à un statut de personnage comique; bien qu'il soit un peu plus efficace que les Dupondt durant l'histoire (mais peut-on considérer ça comme un mérite?)
En fait, le seul personnage réellement utile au scénario est Tournesol qui n'est plus le damoiseau en détresse du film précédent mais l'un de ceux aidant réellement Tintin au cours du récit lorsque ce dernier l'exige.
Et encore, les personnages mal utilisés ne sont pas les seuls défauts.
En fait, le véritable problème de Tintin et le Lac aux requins est que, contrairement à Tintin et le Temple du soleil où s'enchaînaient voyages vers l'inconnu à la fois contemplatif et plein d'action, ce deuxième film d'animation se déroule dans un pays déjà visité (bonjour le manque d'originalité) ainsi que dans un endroit avec très peu de lieux aux alentours au point que des allers et retours entre ces derniers s'enchaînent de façon plus que bancale et rendent le récit mollasson.
Sans compter un final assez ridicule n'ayant pas sa place dans un film d'aventure supposément pleins de dangers. Ce qui ôte au récit la possibilité de se finir de façon satisfaisante.
Seuls les passages sous l'immensité du lac artificiel peu accueillant avec le danger guettant nos personnages préférés ainsi que la base peu accueillante de Rastapopoulous donnent une véritable sensation d'aventure pleine d'adrénaline et de suspense comme on les aime. Mais ils arrivent bien trop tardivement dans le récit pour qu'on ait le temps de pleinement les apprécier.
Bref, un film couci-couça n'étant pas à la hauteur de son aîné mais étant néanmoins appréciable quand on veut se détendre.