Le film est divisé en deux parties : la première, où il est question d'une démente tueuse en série (avec une plaque en titane dans le crâne, conséquence d'un accident de voiture durant l'enfance). On la voit commettre divers forfaits dans des scènes dynamiques, drôles et brutales. Aussi, il y a une étrange séquence (onirique ?) où on la voit copuler avec une voiture. Je vous laisse découvrir la deuxième partie, bien plus étrange.
Au début, j'étais littéralement conquis, je pensais même avoir à faire à un chef d'œuvre. Mais la deuxième partie s'est avéré bien plus déconcertante pour moi. L'accumulation des idées loufoques constitue un véritable challenge pour le spectateur lambda et j'ai été saisi par le culot de l'auteur (Madame Ducournau est à la fois réalisatrice et scénariste, ce qui relève de l'évidence, même avant d'avoir consulté la fiche wikipedia recensant ce type d'information...). Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde tant j'étais captivé par le déroulement des événements. Simplement, le grotesque était peut-être un poil trop présent ?
Aussi, le film m'a paru véritablement satanique. Tant par son esthétique - des corps laids, déformés, blessées - que par les relations entre les personnages, qui sont anormales et choquantes. Bref, un film comme on en voit que trop rarement au cinéma. Celui-ci est, rappelons-le, gangrené par les relations convenues, les romances consensuelles, la moraline habituelle. Bien sûr, ce qui arrive au corps de l'héroïne nous fait penser à Rosemary's Baby (vu le film, pas lu le livre) ou à Crash (lu le livre, pas vu le film).
L'auteur confirme également son talent quant à la réalisation de séquences clipesques - je pense à la séquence des "babes" se trémoussant sur des voitures.
Je dois enfin souligner que les spectateurs de ma salle ont beaucoup réagi durant tout le film (ce qui arrive rarement). Des rires durant les moments les plus saugrenus, des "oh" et des "ah" durant les séquences dégoûtantes. A la fin de la projection, un spectateur s'est levé et a hurlé "Une palme d'or, ça ? On se fout de ma gueule ! Film de merde.")
Il ne s'agit pas d'un film mainstream, mais d'une authentique proposition de cinéma. Il ne s'agit pas seulement d'un film d'horreur car il est bien plus horrible que la plupart de ceux-ci.
Pure perle luciférienne. Félicitations à Julia Ducournau mais aussi à Agathe Rousselle (l'héroïne), repoussante et par-là, magnifique.