Ai-je vu « Titanic » au cinéma lors de sa sortie ? Je serais tenté de vous dire oui, mais j'avoue avoir un doute. Quoiqu'il en soit, c'est désormais chose faite avec la ressortie de ce dernier chez UGC et cette très chouette initiative de proposer un grand classique par jour pendant plus d'un mois (il faut dire que la programmation actuelle est tellement moisie qu'il faut bien compenser!). Je m'en souvenais un peu, mais pas trop : suffisant pour ressentir du plaisir pendant plus de 180 minutes, la « surprise » (scènes cultes comprises) en moins.
Je ne nie pas les facilités et défauts : faire de Rose une héroïne en « marge » de son milieu pour rendre plus crédible son histoire d'amour, futur mari vraiment, vraiment, odieux, quelques allusions historiques lourdaudes ou une dernière partie parfois légèrement assommante par son montage un peu saccadé, presque sans répit. Presque frustrant, également, de croiser pas mal de personnages au beau potentiel, sur lesquels on ne prend malheureusement pas le temps de s'arrêter plus longuement, d'autant que leurs interprètes sont impeccables (Kathy Bates, Victor Garber, David Warner...).
Mais bon, « Titanic » est avant tout un spectacle total, mené de main de maître par un James Cameron ayant réalisé un travail proprement impressionnant : reconstitution incroyable, décors somptueux, effets spéciaux majestueux et bien supérieurs aux pénibles visuels numériques devenus légions aujourd'hui... Pas question pour autant de se contenter d'une belle machine sans âme, et même si je la sais pas au goût de tout le monde, cette histoire d'amour, je l'ai trouvé assez intense, émouvante, pas forcément réaliste, mais suffisamment bien amenée pour fonctionner de bout en bout.
D'ailleurs, loin de la fadeur parfois décrite, j'ai au contraire trouvé Leonardo DiCaprio et Kate Winslet déjà extrêmement séduisants et prometteurs, comme le confirmera leur carrières respectives (et accessoirement, bon sang, qu'ils étaient (sont!) beaux!). Hormis un naufrage un poil longuet, l'ensemble est très équilibré, notamment cette introduction nous permettant de nous mettre tranquillement dans le bain (ohoho), non sans quelques sublimes prouesses techniques
(le passage de l'épave au paquebot dans toute sa splendeur : magnifique).
Bref, il faudrait être sacrément rabat-joie pour ne pas apprécier une superproduction aussi bien pensée à tout point de vue, hautement « commerciale » (ah, cette chanson de Céline Dion), mais amenant une part de rêve et de magie dont bien peu d'œuvres peuvent se targuer, surtout au XXIème siècle : franchement, combien peuvent prétendre à un statut aussi mythique que celui-ci depuis vingt ans ? Vous avez votre réponse. En tout cas, moi, j'aime « Titanic » et n'ai aucun problème avec ça, comme c'est (heureusement) le cas pour la grande majorité des spectateurs. Merci, M. Cameron.