Hey ça cartoon les amis? Oui ça faisait longtemps ... mais heureusement ce n'est pas n'importe quel retour.
C’est l’histoire d’un chat et d’une souris nommés Tom et Jerry… qu’est ce que je pourrais rajouter quand on connaît les personnages de base ? Oui après des années d’aventures et mésaventures en tout genre sans prendre une ride (une série intemporelle de nombreuses saisons sous divers artistes, un premier long métrage animé qui déçoit plus qu’il ne plait, de nouvelles séries et des téléfilms revisitant d’autres fictions qui n’avaient rien avoir avec notre duo) ils reviennent sur Grand Ecran dans une réalité semblable à la nôtre aux cotés de personnages en chair et en os pour une nouvelle histoire originale riche en courses-poursuite et rebondissements, alors bonne ou mauvaise nouvelle ? On en parle sans spoil, avec bons et mauvais points et on commence par ces derniers :
- : Blagues dispensables. J’aurai beau être le plus objectif possible dans mes critiques, l’humour est un sujet sur lequel le ressenti est propre à chacun/e et même si on y reviendra sur d’autres points, je dois admettre que certaines répliques pour les références +/- méta, les technologies modernes ou le gag visuel facile peuvent irriter soit les oreilles soit les yeux. Que ce soit la volonté forcée de confronter les générations par leurs tendances dans les dialogues, l’insistance sur … « les besoins naturels » des animaux même hors champ ou encore les clins d’œil aux phénomènes populaires qui n’apportent rien ce n’était pas nécessaire. Certaines scènes qui se veulent prise avec un peu de sérieux (pour le peu qu’il y en a) peuvent d’ailleurs être gâchées par un élément perturbateur.
- : Rien ni personne n’est parfait. Dans le cas des personnages humains, le peu à redire ou sur quoi revenir serait que, par moment, il y a quelques écarts de jeu de comédie. Que ce soit Moretz, Pena ou le reste du casting, même si le contexte du film s’y prête, tout le monde a droit à son moment « en roue libre » avec expression faciale exagérée, sur-jeu dans les réactions et la gestuelle et la réplique qui bide (ex : citer des applications ou réseaux sociaux en voulant paraitre jeune c’est déjà très souvent ringard mais là en plus on les verbalise avec confusion, c’est embarrassant). Même le personnage de JOY avec son gimmick ne fait pas toujours mouche et seul Cameron le barman est l’exception qui confirme la règle.
- : Scène de ménage édition Cartoon. Bien que l’intrigue principale reste centrée sur Tom et Jerry avec un nouveau personnage tiers en la personne de Kayla (Chloé Grace Moretz), une secondaire vient s’ajouter en parallèle. Une sorte de mariage princier inter-culturel a lieu dans l’hôtel que fréquentent nos héros (telle la bande annonce) et, malgré sa nécessité pour faire tenir le film sur une durée moyenne, ce qui conernera les futurs mariés paraîtra très niais et peu pertinent même pour le message qu’il délivre. Une impression de rajout aux enjeux peu importants qu’il aurait mieux valu tourner de façon décomplexée pour le propos quand on constate le comportement d’un des deux partenaires tourné en ridicule alors qu’un projet d’union se prépare. Aussi la morale autour du couple en question est assez prévisible et là encore n’apporte pas vraiment de leçon, renforçant ce côté inadéquat avec l’univers de Tom et Jerry, qui ont la leur bien mieux amenée.
Et comme nous venons de terminer les mauvais par une morale oubliable entamons les bons points avec une plus méritante et gardons le meilleur point pour la fin.
+ : Bonne volonté et persévérance sont les clefs. Bien que l’intrigue autour du personnage de Kayla soit convenue, elle n’en est pas moins identifiable et permet de rattacher celle de Tom et Jerry de façon fluide. La tournure des évènements est sans cesse due à un concours de circonstances, circonstances auxquels Kayla fait face et en sorte de rebondir certes avec appréhension mais aussi assurance, non pas sans crainte mais non plus sans confiance en elle… C’est un personnage imparfait comme la plupart mais optimiste, elle ne cherche pas à tirer à la couverture du personnel de l’hôtel ou encore du duo Tom et Jerry elle s’adapte car elle adopte la bonne mentalité même quand elle sait que ça ne joue pas en sa faveur et qu’elle veuille chacun mérite son rôle et titre de façon légitime et son bon fond lui sera même décrit par Cameron.
+ : Des Toons, ou ça des Toons ? Tom et Jerry sont un chat et une souris (si si je vous assure) et j’entends par là ce que nous devrions voir comme les vrais animaux de notre réalité, alors qu’il s’agit de dessins animés enfin de personnages dessinés et animés. Là où n’importe quel autre film du même genre (comme Stuart Little, Scoobydoo, Alvin et les Chipmunks ou plus encore) se serait contenté du duo éponyme pour ce genre de rendu, ce film l’a appliqué A TOUS. Aucune race animale n’est épargnée (à moins d’un faux raccord rapidement subtil en arrière plan qui pourrait échapper à n’importe qui) que ce soit les animaux volants (tous les types d’oiseaux) les terrestres (canins, félins, rongeurs…) et/ou même aquatiques (poissons en tout genre) tous sont dessinés et animés avec cette même touche de surréaliste.
Un choix étonnant mais étonnamment efficace et vite adopté par le public car le film aime se moquer gentiment mais aussi jouer de cette cohérence propre à l’univers du film : nous sommes dans une réalité similaire à la nôtre à la seule différence que les animaux paraissent « toonés » …et c’est comme ça, c’est normal. Si un chien change de dentier pour passer d’un air chaleureux et docile à un plus féroce et sauvage, il peut le faire parce c’est normal ; si un chat retrouve son apparence normale intacte alors qu’il vient de se faire aplatir par un objet massif, il peut le faire parce que c’est normal ou encore si une souris se transforme en fée du logis en aménageant un trou dans le mur avec tout un confort adapté à son environnement, elle peut le faire parce que c’est normal. On ne se pose pas la question dans les films mentionnés précédemment ou encore d’autres comme « Qui veut la peau de Roger Rabbit » ou « Les Looney Tunes passent à l’action » dans lesquels les Toons cohabitent avec les humains sans explication et on s’en porte pas plus mal.
*Après tout nos animaux sont capables de bien des prouesses : le perroquet parle un langage articulé, le kangourou a une poche ventrale, le hibou tourne sa tête a 360° … alors pourquoi pas ? Le film parviendra même également (au travers de ses dialogues, la VF du moins qui fait très bien ton travail) à traiter du sujet de la défense des animaux sans trop en faire des caisses...paradoxalement.
+ : Retour vers les fondamentaux. Vous voulez de la bagarre ? Vous aurez de la bagarre. Vous voulez de la course-poursuite ? Vous aurez plusieurs courses-poursuites. Vous reprendrez bien un peu de gag ? Ce n’est pas ce qui manque et rajoutez une pointe d’interaction justifiée avec des personnages humains et vous obtiendrez un film Tom et Jerry en live action digne de ce titre et à la hauteur du dessin animé original intemporel avec ce qui fait son charme et son succès.
Rien avoir avec le 1er film entièrement en animation qui mettait presque son duo principal au second plan et surtout les faisait parler… ce que ce film ne fait pas, à l’exception d’une scène de chant de séduction jouée au piano par Tom envers une femelle, ce qui était courant dans le cartoon d’origine ; Autrement quand Tom hurle (de douleur) sont les mêmes cris, quand Jerry rigole ce sont des notes de violons qui se succèdent, l’un des deux est en suspens au dessus du vide il y reste une seconde avant de tomber, un coup est donné sur la tête une bosse se forme aussitôt et on la recache aussi vite en appuyant dessus… Une scène avec Michael Pena s’est cependant démarquée du reste (à la manière du générique d’intro) par du texte écrit extra-diégétique soudain sans réelle raison et apport particulier mais c’est un détail. Une fidélité respectueuse du matériau de base condensé et pourtant bien répartie en 1h40 de film.
+ : La Beauté de l’Animation. Passer 2020 où l’interaction entre animation et prise de vue réelle va pour rendre les personnages animés vers de la 3D ultra réaliste au point d’en faire perdre l’âme des personnages originaux, nous avons affaire dans ce cas à un retour à la 2D, avec un character design correspondant aux plus récents cartoons les mieux aboutis sur notre duo dynamique et s’incrustant à merveille dans un environnement semblable au nôtre. Les jeux d’ombres et de lumières font tout pour intégrer les personnages animés avec juste ce qu’il faut de crédibilité quelque soit le décor de fond, au milieu de la foule, dans un espace clos ou même en pleine circulation avec du trafic. Si il arrive une ou deux fois de voir les acteurs/trices regarder dans le vide ou de faire un champ contre champ pour les aider à poser leur regard sur un point dans l’espace, tout le monde y met du sien, figurants compris, quand une mise en scène dynamique doit avoir lieu. Une scène « d’action » m’a particulièrement marqué et se reproduit d’ailleurs une seconde fois dans le dernier acte, c’est simplement dantesque comme Joe Dante pour « Les Looney Tunes passent à l’action ».
Certes nous ne sommes pas à la hauteur d’un Roger Rabbit mais nous avons fait du chemin depuis Mary Poppins ou « Anchors Aweigh » avec Gene Kelly dans un duo musical avec Jerry (oui notre souris).
Dernier point important au sujet de la mise en scène : la caméra. Je ne crois pas me souvenir, depuis les phases de jeu dans « Ready Player One », d’une caméra aussi bien « embarquée » qui paraît aussi fluide que l’animation des personnages, à suivre ces derniers dans des endroits aussi étroits, (même si il doit y avoir une part de modélisation), dans des courses-poursuites aussi rythmées, en intérieur ou extérieur etc.. Que l’histoire se passe à New York ou une autre grande ville importe peu car on se concentre sur Tom et Jerry qui se courent après ou font une trêve le temps d’une mission commune qui les fait passer par tous les chemins et états possibles et la caméra parvient à les suivre où qu’ils aillent (ensemble ou séparément) sans que le montage soit insupportable. On comprend ce qu’il se passe et on enchaîne sans difficulté les différents effets de rythme qui renvoient là encore aux cartoons d’antan.
Bilan : Alors si le film fait 1h41, que je retire le générique de fin disons de 3min (arrondissant) et que j’enlève les tentatives d’humour ratés que ce soit de la réplique ou du visuel (qui se comptent sur les doigts d’une main) ils nous reste… 1 heure et 38 minutes de pur divertissement amusant comme on en attend pas plus quand on a grandi avec Tom et Jerry et qu’on est nostalgiques de cette période âge d’or pour eux, je reste le plus objectif possible mais laissez sa chance à ce film, il vaut bien plus le prix du ticket de cinéma que le 1er d’animation. Bonne séance à vous et donnez moi votre retour.