Maxime est un gentil rockeur de retour chez son père à Tonnerre en Bourgogne pour bosser sa musique et prendre un peu de recul. A la faveur d'une interview avec le canard local, il fait la connaissance de Mélodie, une jolie journaliste dont il va très vite s'enticher.


Il est comme ça, Vincent Macaigne, dans bien des rôles du cinéma d'auteur qu'il chérit : sentimental, prompt à succomber. A fleur de peau, il ne craint pas de laisser exploser son besoin d'amour ou ses colères homériques. On le voit dans les superbes Deux automnes, trois hivers ou La bataille de Solférino.


Il y a dans ce film tant de qualités qu'il serait impossible de les lister. Citons quand même le cadre somptueusement mis en lumière, poétisé comme un décor de conte de fées (la forêt enneigée, le lac, le châlet...), la direction d'acteurs excellente, nuancée et tout en pudeur (Macaigne et Menez en tête), l'installation croissante de la tension qui donne au film des allures de thriller, le tourment fou qui gagne Maxime et qui est si bien rendu, si réaliste, la bande originale mélancolique signée Rover qui colle au sujet... Je ne trouve pas grand chose à reprocher à ce film, vu une première fois en 2014, revu hier soir et qui m'emballe toujours autant.


Ceux qui s'y connaissent en coeurs brisés ne pourront qu'être bouleversés par ce personnage abandonnique que la passion déçue et la trahison plongent dans une violence inattendue. On ne peut que se retrouver dans ses crises de larmes (qui font à nouveau de lui un enfant), dans sa colère, dans ses mouvements explosifs face à son silence à elle, son obsession à découvrir la vérité. Bonheur, espoir, jalousie, faux-semblants, illusions perdues, puis esquisse de reverdie : toute la carte du Tendre se dessine sous nos yeux dans cette histoire qui entrelace la romance, le drame et le thriller.


Et puis il y a ces passages d'un romantisme flamboyant, la chaleur humaine qui se dégage des face à à face amoureux et qui dont la photographie est si belle... Sans parler du sex appeal débraillé, mal peigné et mélancolique de Vincent Macaigne : une vraie dégaine-signature. L'acteur porte ici ce film avec sa sensibilité habituelle, avec sa rage rentrée, son regard doux, ses sourires timides et sa voix cassée : il m'a éblouie (entre autres).


Il y a aussi la surprise Bernard Menez, génial en père compréhensif et drôle, avec ses petites habitudes, son chien génial et sa joie de vivre, un peu impuissant face à la détresse de son fils mais qui respire une tendresse et un amour incroyables. Il y a dans leur échange un très intéressant discours sur la famille, sur ce qu'on ose se dire ou pas, sur la façon dont les parents traitent toujours un peu leurs enfants, même devenus adultes, comme des gamins...Cette scène de guitare dans la cuisine m'est apparue comme l'une des plus touchantes du film.


Et puis ce décor, cette Bourgogne enneigée, petite province émouvante au ciel gris et gloires footballistiques locales, est également superbement dépeinte avec sobriété et justesse par Guillaume Brac.


Je me souviendrai longtemps de cette scène de barque enrobée des notes de guitare électrique...et le regard amoureux de Vincent Macaigne. Non content d'être un metteur en scène fantastique qui dépoussière le théâtre, un réalisateur brillant et inspiré (Don Juan et Sganarelle), Macaigne est également un acteur merveilleux aussi bon et subtil dans les rôles comiques (La loi de la jungle) que dans des registres plus graves et solennes. Je tiens cet acteur pour l'un des plus doués du moment, synthèse et héritier de Dewaere et Cluzet.


La dernière scène replace intelligemment le scénario sur le thème de la relation père/fils, sur cet attachement inconditionnel qui permet parfois de remonter la pente et prendre de la hauteur.. Le film se clôt sur un morceau sublime dont je dois chercher l'origine.


Bref : Tonnerre, un vrai coup de foudre.

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le 20 oct. 2014

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