L'as des as.

Quels sont les critères pour définir un film qui rentre dans la légende du cinéma ? Pour beaucoup prévaut l'artistique, quand une œuvre possède une aura et une profondeur formel et de fond qui marque longtemps son public. Il en va ainsi de l'estime énorme autour de Godard, de Hitchcock, de Truffaud, de Scorcese, etc... Mais il y a des films qui restent gravés dans la mémoire, et qui pourtant n'ont à priori rien de plus à proposer. Mais ce n'est qu'une impression.

J'ai pu voir Top Gun lors d'une ressortie en salle, et donc me mettre à peu près dans l'ambiance de visionnage qu'ont eu les spectateurs à l'époque. Et il va s'en dire que l'on comprend tout de suite à quel point le film a marqué tout un pan du cinéma américain. Sur le fond, ce n'est juste qu'un banal blockbuster de propagande américain de l'époque Reaganienne. Un jeune pilote réussit à faire fuir deux avions de chasse russe, il intègre la formation militaire des meilleurs pilotes: la Top Gun. Ils se tirent tous la bourre pour être les meilleurs, l'esprit de compétition retire de chacun d'eux leur meilleurs qui permet de battre l'uniformité et l'anonymat des ennemis russes. Mais sur le plan esthétique...

Bah ça a été une grosse claque. J'ai vu dans ce film le plus grand concentré de plans iconiques que j'ai jamais vu de ma vie. Certes, la réalisation des combats aériens est ultra chaotique, on sait pas du tout où sont les avions par rapport aux autres, on se fie uniquement à ce que nous disent les personnages. Mais alors, la réalisation sur la terre ferme est grandiose. Entre plan du coucher de soleil, duel de regard, musique rock à fond, c'est un concentré des années 80 dans un seul film.

Tout les plans, j'ai eu l'impression de les revoir. Je les connaissais déjà. Et c'est d'autant plus fou de se rendre compte à quel point ce film vampirise encore le formatage des productions actuelles. Tu as vu Top Gun, tu as vu 90% des blockbusters qui ont suivis. Ils sont tous repris du formalisme de Tony Scott.

Et c'est la que vient une révélation. Et si Tony Scott a été plus influent que son frère au final ? Et si Ridley Scott n'a été l'homme que de trois films (Blade Runner, Alien et Spartacus), mais que son frère a été l'homme qui a façonné toute la production à grand budget d'Hollywood ? C'est fou de se dire ça. Mais ça saute aux yeux quand on voit Top Gun.