Tori et Lokita, deux jeunes réfugiés venant du Bénin tentent tant bien que mal de se frayer un chemin en Belgique où ils ont trouvés accueil. Les frères Dardenne déploient à l'écran l'essence même de leur cinéma. Un cinéma de la gestuelle et du suspens, sans aucun répit. Grâce à une mise en scène virtuose et au cordeau, le spectateur s'accroche à ces deux personnages. Souvent jusqu'à faire corps avec l'image. La caméra des Dardenne est virevoltante, utilisant le moindre espace, recoin et hors-champ disponible pour permettre à ses héros de trouver leur voie. Se heurtant à une société impitoyable et entraînés malgré eux dans une course effrénée contre la mort. On ressort le souffle coupé, ébahi par l'implacabilité de ce que nous venons de voir. Un grand geste de cinéma, ample et radical.