Je poursuis mon périple dans le giallo avec ce film qui n'en est un qu'à moitié. En effet, si Martino épousait totalement les codes du genre dans L'Étrange Vice de Madame Wardh et La Queue du scorpion (les deux autres films que j'ai vus de lui pour l'heure) - à savoir meurtres à répétition, femmes dévêtues et intrigue policière à dormir debout - Torso (entre-temps le type a eu le temps de réaliser quatre films en même pas deux ans !) propose un schéma nouveau. Au départ, le film s'inscrit totalement dans le giallo, mais d'une façon plus terre à terre que les deux films susnommés. Nulle trace d'onirisme (comme dans Madame Wardh) ni de romanesque (comme dans la Queue du scorpion) ici ; les meurtres sont crus, violents, dans la vieille ville de Pérouse où se mélangent les jeunes étudiants (et étudiantes) du monde entier. S'il est vrai que la dernière demi-heure du film est la plus marquante, je n'ai pas boudé mon plaisir dans cette première partie où les personnages se croisent et se recroisent sur les places et les escaliers, à la façon d'un ballet magnifiquement mis en scène. Puis, les quatre personnages féminins principaux s'isolent dans une villa au bord d'une falaise, en surplomb d'un petit village peuplé d'obsédés, et le film bascule dans ce que l'on qualifiera plus tard de "slasher". Certes l'identité du tueur nous demeure cachée (il est néanmoins aisé de la deviner, puisque moi-même j'y suis parvenu !), mais ce qui nous tient en haleine est tout autre. Nous sommes aux côtés de la dernière survivante et nous espérons qu'elle s'en sortira, et ça dure, ça dure... bien davantage que n'importe quelle scène de meurtre de n'importe quel giallo antérieur. Cet épilogue à rallonge est une totale réussite et vient couronner une œuvre qui certes ne dépasse pas le cadre du film de genre (comme pouvait le faire Una lucertola con la pelle di donna de Lucio Fulci deux ans plus tôt) et qui n'a rien de plus à proposer que le plaisir instantané qu'elle procure, mais quand c'est fait avec autant de style et d'efficacité, c'est déjà énorme ! Et par ailleurs, comme dans tout bon giallo, la bande originale (signée par les frères De Angelis) est mémorable.