Caligula, pas l'empereur romain cinglé qui voulait nommer son cheval consul mais l'antagoniste de ce film, est certainement, après le personnage joué par J.K. Simmons dans "Whiplash", le professeur au cinéma qu'on aimerait le plus ne surtout pas avoir en tant qu'élève. Et non content d'être un sadique avec ses élèves, il aime bien aussi détruire psychologiquement les jeunes filles pendant son temps libre... Et même quand il sort de son rôle de monstre au sourire sardonique et qu'il montre le bouffon fragile qui peine à assumer sa nature diabolique, on le déteste. Une figure de méchant inoubliable qui est brillamment incarnée par Stig Järrel.
La réalisation d'Alf Sjöberg, qui donnera sept ans plus tard l'intense et magnifique "Mademoiselle Julie", prend à raison son temps pour distiller, à partir d'un scénario écrit par un certain Ingrid Bergman, une atmosphère anxiogène pour que finalement la dernière demi-heure soit particulièrement puissante. On n'oubliera pas non plus le regard terrifié et épuisé de la superbe Mai Zetterling, superbement capté par la caméra.
Un drame psychologique étouffant avec un méchant vraiment mémorable qui compte sans conteste parmi les plus grandes réussites du cinéma du pays de Strindberg.