Mon 1er mélodrame et mon premier film de Douglas Sirk. J'avais vu les 15 premières minutes du film en classe d'histoire du cinéma américain classique et les personnages m'avait plutôt emballés (notamment la jeune fille qui cite constamment Freud).
Dû coup je suis allé voir le film à la cinémathèque pour l'ouverture de la rétrospective sur Sirk et je n'ai vraiment pas été déçu. Le film est vraiment passé en un instant devant mes yeux sans que je m'ennuie.
Pour commencer ce mélodrame est d'une puissance stylistique phénoménal puisque tout y est magnifique: la gestion de la couleur éclatante qui donne vie à chacun des plans, les jeux d'ombres et de lumière qui vont surligner les différents entre les personnages ainsi que les oppositions lumière froide bleuté du dehors avec la lumière chaude des intérieurs, la volonté de rejet du réalisme qui permet au film de se lâcher sur les extérieurs à coup de neige factice et de décors peint en arrière plan qui arrive à sublimer la nature (qui est beaucoup opposé à la vie des quartiers de la classe moyenne américaine dans le film) même si la fausseté de celle-ci peut parfois rendre un peu amusante l'idéal de retour à la nature porté par le film.
Ensuite, il arrive a avoir un scénario bien mené et des personnages vicieux mais comiques, on pense au fils de l'héroïne et à la plupart des personnages de la société mondaine mener par une langue de vipère. Au niveau de la mise en scène (utilisée au sens du découpage technique, les plans, le montage), elle tend à être invisible et le film est à ce niveau là très sobre mais cela nous montre une très grande maîtrise discrète de Sirk qui arrive à nous faire suivre l'action sans nous ennuyer.
J'ai tout de même remarqué quelques mouvement de caméra sympathiques: deux panos qui nous font passer extrêmement fluidement de l'échec amoureux de la mère à la réussite de la fille, un travelling amenant sur un gros plan à porté romantique de Rock Hudson, le motif du miroir pour signifier l'enfermement à plusieurs reprises, une scène de danse filmé au niveau des jambes qui s'opposent à une danse façon bal chez les mondains filmé de plus près, où l'héroïne est comme écrasé, contrainte ou encore un montage métaphorique vicieux qui fait s'enchaîner un accident avec la vue d'une croix sur une tour bien connue dans le film nous faisant penser qu'il est mort.
On a ainsi un très bon mélodrame, bijoux ancien au style maîtrisé et parfaitement anti-naturaliste, porté par une musique de très bonne facture qui englobe chaque instant du récit et qui décrit une situation d'amour "impossible" entre un jeune homme et une femme plus âgé qui est tout de même assez osé vu l'époque. J'encourage tout le monde à le voir avec pour seul bémol que le film m'a semblé trop court et peut être pas assez dramatique en dehors d'un passage à la fois triste et cruelle par rapport à l'héroïne.