Tout sur ma mère par Giallover
"Tout sur ma mère" est sans doute le meilleur film de Pedro Almodovar à ce jour. Il concentre à lui seul les thèmes et les figures emblématiques de son cinéma : flamboyance du mélodrame, personnages « marginaux », femmes au bord de la crise de nerfs, comique irrévérencieux... Véritable film d'actrices réunissant Marisa Paredes, fidèle du réalisateur, Cecilia Roth et Penélope Cruz -magnifiée quelques années plus tard dans "Volver"-, il s'impose comme une ode à toutes les femmes en rendant hommage à leur courage, à leur force de caractère et à leur féminité. Des qualités, qui, ici, se révèlent être des armes redoutables pour contrer l'abattement et le désespoir. Car s'il est traversé par la maladie, la mort et le deuil, "Tout sur ma mère", fait triompher la vie.
Ce portrait d'une femme qui plie mais ne rompt pas, déploie un optimisme jamais candide. Manuela effectue une sorte de chemin de croix païen, où chaque épreuve, chaque douleur surmontée est un pas de plus vers un bonheur de toute manière insaisissable.
Une scène résume à elle seule tout le propos du film. Manuela revient à Barcelone, à bord d'un taxi. Musique mélancolique en fond sonore. Elle demande à être conduite à un terrain vague, où, autour d'un feu, des femmes offrent leurs corps et leurs charmes. La maman et les putains se retrouvent dans la même ronde. La caméra en plongée présente ce manège de chair triste, de désenchantement adulte. On peut ensuite apercevoir trois des personnages clefs du film. Cette vision poétique d'un enfer terrestre est le point de départ de la reconstruction de Manuela. Son chemin se dirigera peu à peu vers la lumière : celle de la foi en la vie et des projecteurs de théâtre.