Le cinéma d’Alain Jessua est une proposition atypique dans notre cinéma hexagonal. Et on peut être surpris de voir dans quelle mesure il est parvenu à attirer de très grandes têtes d’affiche. Quel bonheur ainsi de voir des vedettes telles qu’Alain Delon et Annie Girardot s’encanailler dans un véritable cinéma de genre, certes qui ne dévie pas autant que celui de Jean Rollin, mais qui aborde, de façon fantaisiste des sujets sociaux et politiques. Car Traitement de choc, et c’est certainement un de ses points faibles, est un récit terriblement caricatural qui raconte, par le conte, comment les riches essorent (au sens propre) les pauvres. C’est un peu court même si les récits de vampire, auxquels le film fait clairement référence, tiennent à peu près le même discours. Le message manque de subtilité et son traitement encore moins, mais Alain Jessua a au moins le mérite d’offrir une relecture moderne de certains archétypes du cinéma de genre, en tête duquel vient évidemment ce médecin qui se livre à d’horribles expériences humaines.


Évidemment, le film a vieilli mais on imagine parfaitement, à l’époque, le risque pris par les deux vedettes pour aller se frotter à un film de genre et se désaper entièrement devant la caméra. Alain Jessua filme en effet les corps sous toutes ses coutures et son duo de choc n’a pas peur de tomber ni le haut ni le bas. Mais, aujourd’hui, le film ne doit pas se réduire à cet élément, en somme, anecdotique. Il porte en lui une atmosphère étrange plutôt réussie même si l’ensemble manque cruellement de scènes de suspense voire d’angoisse qui auraient sûrement apporter plus de tension à un film qui en manque clairement. Le pot-aux-roses ne surprend pas et la résolution est malheureusement expédiée dans une scène de confrontation qui est proche du grand-guignol. C’est dommage.


Regarder aujourd’hui Traitement de choc, c’est d’abord se confronter à un pan original de l’histoire de notre histoire où le cinéma bis côtoie le cinéma traditionnel et commercial. Le résultat peut paraître un peu fade et décevant des décennies plus tard mais il faut reconnaître à Alain Jessua une véritable audace jusque dans son score aux accents tribales qui mêle modernité occidentale et traditions attachées à des civilisations ancestrales. L’ensemble n’est pas toujours convaincant mais il n’est jamais ridicule ce qui, pour une entreprise aussi curieuse, est déjà une réussite en soi.


Play-It-Again-Seb
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Liste et classement des films que j'ai vus ou revus en 2024

Créée

le 27 févr. 2024

Critique lue 169 fois

6 j'aime

5 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 169 fois

6
5

D'autres avis sur Traitement de choc

Traitement de choc
-Marc-
8

La tentation d'Hélène

Une bande de riches quinquagénaires suit une cure de jouvence dans un institut de thalassothérapie aux méthodes remarquablement efficaces. Une séance collective dans le sauna est l'occasion d'un...

le 27 sept. 2018

13 j'aime

6

Traitement de choc
Boubakar
7

Une femme, des baffes, et des vampires.

Après avoir vu le film, je ne sais pas trop comment le décrire. Est-ce un drame ? Est-ce un film d'horreur ? Une femme dépressive se retire dans un centre de thalassothérapie à Belle-Ile-en-mer, mais...

le 15 mars 2023

10 j'aime

3

Traitement de choc
Val_Cancun
5

Effets secondaires

Heureusement, je connaissais déjà Alain Jessua avant de visionner "Traitement de choc", du coup je vois un peu mieux où le réalisateur veut en venir avec cette œuvre dérangée... Sinon, à froid et au...

le 27 oct. 2017

8 j'aime

5

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 15 nov. 2023

22 j'aime

22

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10