Je viens de visionner Tranquilou sur YouTube, dont je ne savais rien jusqu'à ce que j'en aie lu mention ici après avoir visionné I Feel Good.
On retrouve avec plaisir, si on aime ça, la patte grolandaise, qui gratte au second degré, au troisième, au quatrième au fond à gauche, où crèche la pataphysique sous une vieille tente, dans une caravane pourrie qui prend l'eau, un barlu amarré sur les rivages d'une rivière aux eaux plates, où un vieux de la vieille du braco imaginaire attend la mort en cultivant la magouille de bas étage. Non loin de là, une communauté de babas tue le temps sur le mode écolo-alcoolo, plus zonards que babas dans les faits, avec quelques figures qui créent du relief, dont le guitariste lunaire, le Manu décoloré, le hardos mutique à casquette Iveco.
Surgissent alors deux parodies de gangsters niçois, qui se posent là à bord d'un pot de yaourt japonais. Les cousins du loup de mer mytho qui joue les durs à dégaine de clodo dans son voilier échoué sur ce port de nulle part.
Ray-Ban et cheveux plaqués, ils font penser aux Blues Brothers, en aussi ringues et familiers de la lose. C'est le choc des cultures entre les babs et eux.
Je ne vais pas raconter tout le film. On le trouve sur YouTube comme précisé plus haut et c'est à chacun de s'en faire son idée.
La folie en moins - car ce n'est pas l’œuvre d'un bargeot, c'est une déconnade filmée, nuance -, on ne se sent pas à l'étranger si on prise l’œuvre d'un Luc Moullet. Là où chez Moullet on ressent une forme de malaise vis-à-vis des incohérences et d'une bizarrerie qui tiennent davantage du délire et de la désinhibition, on est dans Tranquilou dans une sorte de fresque pataphysique dépourvue de sens et de message où les gags se suffisent à eux-mêmes. Où l'auteur se fout des longueurs inutiles au récit, et des lourdeurs de certaines séquences.
On ne tournait pas autrement certains films muets qui sont devenus des classiques de cinémathèque.