Le génie de « Troie », c’est de donner au spectateur exactement ce qu’il attend à première vue dans cette histoire : Agamemnon et Ménélas ? C’est les méchants, ça doit être deux connards barbus. Ajax ? Un bourrin qui bourrine. Les myrmidons ? Un peu comme Expendables, mais sans les guns. Ulysse ? Il est rusé, on va lui coller la barbiche et le sourire de Sean Bean.
On a bien compris que « Troie » ne serait pas une adaptation fidèle de l’Iliade. Et d’ailleurs, que les scénaristes changent l’histoire pour proposer quelque chose de différent : why not ? ...
... mais là, le résultat est un poil trop faible. Il y avait une bonne idée, une seule : qu’Achille ne soit pas un héros mais une brute, un type dépassé par son époque, et qui cède la place à un Ulysse autrement plus habile et politicien. Malheureusement, la pseudo-rédemption du monstre, à travers son amourette mal fichue avec Briséis, vient gâcher le maigre axe sur lequel « Troie » pouvait bâtir son originalité.
Alors pourquoi Wolfgang Petersen ? Plus je revois le film, plus je me dis qu’il savoure les crédits illimités que les studios ont débloqués pour recréer une Troie qui en impose. La plupart des scènes sont filmées sans conviction ; mais seuls les murs, les palais et les temples, ont droit à des plans recherchés, et même quelques effets de caméra.
Parce qu’on peut tout critiquer dans « Troie », sauf ça : c’est un péplum qui en jette.