Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde par le_pou_jaloux

Ce long métrage offre un regard pénétrant sur l’homophobie et ses conséquences sociales et intimes, en s’intéressant aux répercussions familiales et judiciaires d’une agression homophobe subie par un jeune homme de 17 ans dans un village roumain.

Par un important travail de réalisation (sur-cadrages et hors champs notamment) et l’absence quasi totale de musique, le film rend l’atmosphère angoissante particulièrement palpable, permettant une forte identification à Adi, victime de la violence homophobe de deux jeunes de son âge, d’abord soutenu par ses parents jusqu’à ce qu’ils en apprennent le motif : leur fils a été vu embrassant un garçon. Par la représentation de différentes interactions interpersonnelles (entre le père de la victime et celui des agresseurs, entre la mère et son fils et celles mettant en jeu le chef de la police locale ou le prêtre), ce drame dépeint les différentes strates de la violence, familiale, religieuse et institutionnelle et par là-même la corruption des institutions ainsi que le pouvoir démesuré possédé par certains individus dans de petites sociétés comme le village en question. Le personnage d’Ilinka est également très important en ce qu’il appuie la dénonciation de l’homophobie en représentant une alternative aimante pour Adi, allant jusqu’à lui offrir une porte finale de sortie, même si négociée et humiliante pour le protagoniste. En ce sens, leur scène d'adieu est particulièrement émouvante.

Le seul questionnement subsistant en fin de visionnage repose sur le cadre très rural du film, qui pourrait servir à l’instrumentalisation de l’homophobie à des fins classistes.


le_pou_jaloux
8
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le 30 oct. 2024

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