Il y a des films où l'esthétique l'emporte sur les sens, où on noit le poisson sous un côté "Nouvelle Vague". Des films hermétiques, limite masturbation intellectuelle. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Trois Souvenirs de ma jeunesse n'appartient pas à cette catégorie.
Le film n'est pas seulement parcouru par une inventivité formelle (split-screen, ambiance 80s, personnages s'adressant à la caméra), mais un esprit ludique qui correspond parfaitement avec la jeunesse des personnages, les jeux auquels ils se livrent avec les autres, les compromissions avec eux-mêmes.
Le tryptique permet un jeu de liens et de renvois entre les différents souvenirs fragmentaires. ll accentue aussi ce qui se dissimule entre les trois épisodes, ce qui n'est pas montré, ce qui reste caché et mystérieux. Il en ressort une impression de plasticité et de mouvement, ce qui est impeccable vu que le film traite de la jeunesse.
Certains comédiens ont des têtes à claques, mais peu importe: à condition de jouer le jeu, on est emporté jusqu'à LA scène finale au bistrot.