Je dois me rendre à l'évidence : « Préparez vos mouchoirs » restera probablement l'heureuse exception me concernant dans la filmographie de Bertrand Blier. Je n'ai pas peur de le dire : « Trop belle pour toi » est même ce que j'ai vu de pire dans la carrière du réalisateur. Cela ne m'arrive pas souvent, mais j'étais d'ailleurs vraiment en colère pendant et après le visionnage, ayant rarement autant eu l'impression d'être pris pour un con. Certains me diront qu'au moins Blier fils a de la personnalité, est capable d'inspirations, de rupture de ton et de digressions comme peu de cinéastes n'osent le faire. Pourquoi pas. Mais si c'est pour donner un résultat aussi calamiteux, j'incite les autres à continuer d'éviter ces « audaces », car elles sont juste pitoyables.
Au-delà du postulat de départ plutôt aberrant, l' « œuvre » parvient en plus à atteindre des sommets de ridicule un nombre incalculable de fois, présentant des situations parmi les plus ahurissantes que j'ai jamais vu. Tous ces personnages sont d'une telle bêtise, d'une telle médiocrité qu'on a juste envie de les cogner, en tout cas certainement pas de s'intéresser à eux. Mention spéciale à quelques scènes atteignant un niveau de nullité insoupçonné :
Carole Bouquet souhaitant devenir moche pour plaire de nouveau à son mari, ou Gérard Depardieu expliquant qu'avec une femme sublime on s'ennuie parce qu'elle a déjà tout et que du coup on veut forcément aller voir ailleurs : WHAT THE FUUUUUUUUUUCCCCCCCKKKKKKK!!!!!!!).
Et que dire des dialogues... Quiconque d'autre aurait écrit cela se serait fait tailler en pièces (à juste titre) tant c'est idiot, insipide, insupportable, abject, mais là vous comprenez, c'est Blier, donc c'est forcément génial. Tout est du même acabit ou presque, d'une prétention indescriptible, à la fois misandre et misogyne, d'une vulgarité abominable et réussissant l'exploit de rendre Schubert insupportable. Au milieu, une poignée de répliques à sauver, deux idées intéressantes et Josiane Balasko s'en sortant avec les honneurs : elle est bien la seule... Une insulte au cinéma, à la passion, aux femmes et aux hommes : bref, une honte, un véritable scandale.