« Il fait chier, votre Schubert ! »
Bernard Barthélémy est un homme malheureux. Lorsqu'il est dans le luxe, le feutré, avec sa sublime épouse, sur fond de Schubert, il ne pense qu'à une petite vie ordinaire ; et lorsqu'il se retrouve plongé dans l'ordinaire, aux côtés d'une femme quelconque, dans un pavillon miteux, il rêve d'un peu plus d'extraordinaire. Ce film retrace son errance d'un extrême à l'autre.
Bertrand Blier signe ici un film en forme de machine de guerre, d'une logique implacable : tout fonctionne par paires. La femme ordinaire et la femme extraordinaire, la maison luxueuse et le pavillon de banlieue, même la BMW contre le vieux vélo ! Seul le pauvre Bernard Barthélémy est unique, forcé de jouer dans les deux mondes à la fois, incapable de choisir.
L'esthétique est radicale, aucun gros plan, uniquement des scènes prises de loin, ou bien au travers d'une vitre, dans le reflet d'un miroir, en contrejour. La seule chaleur dans ce film glacial, vient de la musique de Schubert.
Parlons musique : le film est autant sonore que visuel. Schubert bien sûr, mais surtout l'anti-Schubert que Blier adore enregistrer : fracas du métro, bruits de circulation, passage d'un train, les klaxons, la foule. Entre Schubert ou les sons de la vie ordinaire, Bernard Barthélémy hésite : il y a toujours trop de musique ou trop peu, elle est inexistante ou bien trop forte.
Côté acteurs, aucune erreur de distribution, c'est du très bon. Mention spéciale à Josiane Balasko, bluffante dans son contre-rôle.
Le film le plus mathématique de Bertrand Blier !