Attention : le texte qui suit révèle l'intrigue
Tu ne tueras point est la version longue du cinquième des dix téléfilms constituant la série du Décalogue qui consacra la reconnaissance internationale de Krzysztof Kieślowski. C'est aussi le début de la fin de sa carrière puisqu'il ne réalisera que quatre autres films, dont une trilogie, avant de se retirer puis de disparaître emporté par la maladie.
Tu ne tueras point est à l'image des deux meurtres qui le composent : difficile, pénible, cruel. Monochromes jaune et vert et objectif obscurci obligent le spectateur à plisser des yeux et à se concentrer pour suivre les scènes de ce film choral : un chauffeur de taxi antipathique, un délinquant errant et un avocat fraîchement diplômé qui fatalement seront amenés à se rencontrer.
On est d'abord écœuré par le crime : même une ordure comme le chauffeur ne mérite pas de mourir, surtout ainsi. Puis le meurtrier est condamné et on est écœuré par l'exécution de la sentence : même un meurtrier ne mérite pas de mourir, surtout ainsi.
Virulent plaidoyer par l'image contre la peine de mort (on ne verra d'ailleurs rien de la plaidoirie de l'avocat, orale celle-ci), le film triche un peu, ou pas, en revenant sur le passé du délinquant : un incident malheureux l'avait poussé à quitter sa famille et à chercher les ennuis.
Pour autant, Tu ne tueras point vaut-il le visionnage ? Oui pour les passionnés qui seront forcément conciliants avec les expérimentations. Pour les autres c'est un métrage vraiment exigeant, long bien que court, assez désagréable. La double vie de Véronique, sorti trois ans plus tard, à beau être déconcertant visuellement, je le reverrais avec plaisir. Tu ne tueras point, non.