On ne l'attendait plus : le grand retour de Mel Gibson derrière la caméra, et s'attaquant comme souvent à un sujet passionnant : celui du premier objecteur de conscience à avoir reçu la « Medal of Honor », avec au final un sentiment... mitigé. Cela est principalement dû à cette première partie platounette et académique au possible, se contentant de retracer, certes avec sérieux et application, les étapes importantes de la vie du jeune homme qui l'ont amené à ce choix tout sauf anodin. On a aussi bien sûr droit à des conflits familiaux et à une jolie histoire d'amour pas originale pour un sou, constat global qui commençait sérieusement à m'inquiéter.
Heureusement, à partir du moment où l'entraînement militaire commence, le film gagne en puissance et intérêt. Là encore, rien de très surprenant, mais l'œuvre dégage une intensité, voire une légère force dont elle était dénuée jusque-là. La puissance intérieure du héros devient alors évidente, et est en quelque sorte une préparation du « morceau de bravoure », impressionnante reconstitution d'un moment de la bataille d'Okinawa. On retrouve alors le vrai Gibson, notamment celui de « Braveheart ». La manière dont
il fait arriver les soldats sur la falaise de Maeda avant que ne s'enclenche, brutalement, une véritable boucherie,
est un très grand moment.
Après, c'est évidemment plus classique, mais l'acteur-réalisateur sait s'y prendre pour rendre le spectacle violent, impressionnant et surtout très réaliste. Voir Desmond Doss
sauver un impressionnant nombre de vies
au milieu d'un décor apocalyptique, tout en tension permanente, a à ce titre quelque chose de vraiment puissant. Cette seconde partie est clairement le gros point fort de l'œuvre, celle qui nous permet de ne pas regretter le déplacement. Dommage en revanche que Mel Gibson ait jugé bon d'intégrer autant de symboles religieux du début à la fin
(la dernière scène est, à ce titre, un grand moment),
alourdissant fortement le propos à plusieurs reprises. Très imparfait donc, mais plutôt salutaire.