Cela fait quelques temps que le cinéma de Jason Reitman m'emballe un peu moins. Toutefois, il y a toujours quelque chose à garder, à retenir de ses films. « Tully » ne fait pas exception, s'avérant même d'assez bonne facture. Sans être trépidant ni captivant, le réalisateur parvient à instaurer un ton, un univers souvent assez pertinent, que ce soit dans le scénario ou les personnages : ce n'est pas manichéen, chacun a ses raisons pour bien ou mal faire, personne n'est toujours responsable à 100%... Il y a à la fois un vrai attachement du bonhomme pour ceux qu'il décrit, tout en prenant soin de tenir un vrai discours sur ce que peut être la société américaine aujourd'hui : discret, mais bien réel, l'occasion également de voir à quel point le système US est à des années-lumières de l'européen sur de nombreux sujets importants (notamment l'école). L'occasion, également, de dresser le portrait d'une femme moderne, « normale » (oui, ça reste Charlize Theron, hein, faut pas déconner non plus) et surtout, même si l'on ne le sait qu'à la fin,
en pleine dépression.
Et même si j'avais un peu vu venir ce « twist » final
(jurisprudence « Sixième Sens » oblige), c'est assez bien vu, témoignant probablement du mal-être dont souffrent de très nombreuses mères aujourd'hui.
On n'en sort pas enthousiaste, voire parfois un peu lassé par un rythme légèrement indolent, mais plutôt convaincu du bienfait de l'entreprise, soutenu en cela par un cinéaste habile et une actrice aussi belle que talentueuse (ce qui n'est pas peu dire) : intéressant.