En rentrant chez lui pour l'anniversaire de sa fille, Jeong-Soo (joué par Ha Jeong-Woo, moins convainquant que dans Mademoiselle) se retrouve bloqué sous un tunnel suite à l'effondrement de celui-ci. Ce pitch ultra simple est celui du nouveau gros morceau en provenance de Corée du Sud. Malgré son concept à la Daylight, le film s'apparente bien plus à un Buried par exemple. Plutôt que de jouer sur l'action, il se concentre sur le côté survival dans un espace confiné, le héros restant principalement dans sa voiture. Ce côté intimiste n'empêche pas le film de faire preuve d'audaces spectaculaires quand le récit le nécessite. De même, malgré son apparente simplicité scénaristique, l'intrigue comporte énormément de rebondissements pour relancer l'attention du spectateur. Malgré cela, il n'arrive quand même pas à éviter les longueurs. En s'étirant sur plus de 2 heures, il est difficile de garder un rythme soutenu en se concentrant sur un lieu quasiment unique.
Ce soucis est assez symbolique du cinéma Coréen qui a parfois tendance à être trop généreux et à souffrir de quelques longueurs. Par exemple, l'année dernière, le trio Bussan, Mademoiselle et The Stranger proposait également des métrages très longs. Si pour Mademoiselle c'était totalement justifié, Bussan aurait certainement gagné en rythme en étant plus court et The Stranger souffrait clairement de sa longueur excessive. Mais dans l'ensemble c'était moins dérangeant que dans Tunnel. Au final, certains rebondissements semblent un peu inutiles et n'apportent pas grand chose à un récit qui aurait mérité d'être dégrossi. De la même manière, toute la partie du récit se déroulant en dehors du tunnel est assez mal gérée. Si l'on se concentre évidemment beaucoup sur les thématiques classiques du cinéma Coréen comme le rapport à la famille, la paternité et une critique (gentille) du monde politique, on s'éloigne souvent de l'essentiel. Le film aurait à mon sens gagné à se recentrer plus sur le calvaire de son héros et à s'attarder plus sur sa survie. Evidement, tous ces éléments sont justifiés, principalement car il amène de nouveaux rebondissements touchant le personnage principal, mais ils sont trop nombreux et généralement trop longs. D'autant plus qu'assez paradoxalement nous ne sommes pas énormément impliqué dans le calvaire du héros.
Tout les éléments rendant son aventure extrême nous sont présentés mais, étrangement, tout semble "trop" facile. Je n'ai pas spécialement ressenti l'exploit physique et mental qu'il surmontait, probablement car tout au long du récit, il semble finalement assez en forme et fringant malgré les évènements. Le problème vient pour moi du fait que le film s'attarde bien plus sur les épreuves (le manque de vivre, d'eau, les blessures, les infections, la solitude,...) que sur leurs résolutions. A chaque fois, Jeong Soo s'en sort mais on ne sait pas forcément trop comment, le pire étant probablement la fin. Alors que le récit s'est étiré à n'en plus finir, on nous boucle une conclusion en quelques secondes qui sort un peu de nulle part et manque clairement d'explication sur son accomplissement.
Maintenant, si les soucis de rythme et de crédibilité sont dérangeants, il faut reconnaître qu'on retrouve quand même tout le savoir faire Coréen dans le métrage. C'est prenant, les personnages sont attachants (principalement le responsable des sauveteurs) et la mise en scène est vraiment soignée. A ce petit jeu, la gestion de l'espace est assez remarquable et le côté claustrophobe de l'ensemble fonctionne à merveille. C'est par moment assez étouffant et cette prison de pierres et de poussières est réellement angoissante. C'est donc sur un sentiment mitigé que je conclus cette critique. Mon attente était probablement trop grande, mais malgré ses grandes qualités, le film commet quand même quelques erreurs grossières.
En deux Mots:
Nouveau blockbuster du cinéma Coréen, Tunnel souffle le chaud et le froid. Souvent prenant par ses enjeux et sa gestion de l'espace, il souffre clairement d'un excès de longueur. Le film n'est pas toujours à la hauteur des menaces qu'il impose à son héros et aurait gagné à se concentrer sur ce qu'il aurait du être, un survival claustrophobe.