Ca faisait des plombes que je n'avais pas vu un film catastrophe, et "Tunnel" au premier abord rentre véritablement dans cette catégorie. L'histoire d'un type dans sa voiture, qui rentre chez lui, s'engage dans un tunnel, et paf le tunnel s'effondre sur lui. On passera sur les quelques invraisemblances (me semble t'il) que contient le scénario : le portable qui capte du encore réseau sous quelques 180 mètres de décombres, l'habitacle de la voiture qui résiste à la chute de gros rochers et de tout aussi gros morceaux de béton armés, les batteries (de la voiture et du portable) qui tiennent deux semaines avant de rendre l'âme. Où alors, il y a un message caché sur l'excellence technologique coréenne. Mais en dehors de cela, le scénario est bien fichu et tient en haleine (et sous tension) le spectateur, à qui je déconseillerais tout de même d'être claustrophobe.
Mais "Tunnel" est un peu plus qu'un film catastrophe, c'est aussi une critique sociale grinçante de la Corée du Sud : médias à la recherche du scoop, de l'info anecdotique et complaisants envers le pouvoir, politiciens incompétents, prêtant une oreille attentive aux lobbyistes et avant tout soucieux de passer devant les caméras. Et services publics (ici les pompiers) désorganisés et manquant de moyens, qui peuvent guère que compter sur l'héroïsme et le dévouement de ses employés. Une Corée du Sud dominée par les Chaebols, ces grands groupes multisectoriels et sous contrôle des oligarchies locales. Soyons honnêtes, il s'agit de constats qui ne se limitent malheureusement pas à ce seul pays.
D'ailleurs, étant donnée la chronologie des événements, il est probable que "Tunnel" ait été élaboré et tourné pendant les mouvement sociaux qui ont fini par aboutir par la destitution de sa présidente, à la suite d'un scandale de corruption. Le film peut d'ailleurs être vu comme une métaphore de la situation dans ce pays. Le personnage principal, commercial chez Kia (l'un de ces Chaebols), s'avère initialement (avant la cata) assez puant. Coincé et enseveli sous des tonnes de gravats (la chape de plomb qui recouvre le pays ?), de sauvetage manqué en sauvetage manqué, il va peu à peu évoluer et revenir à des comportements et des sentiments humains : empathie, solidarité, mais aussi rage de vivre. Et l'une des scènes finales laisse intacte l'espoir d'une Corée du Sud qui verrait enfin...le bout du tunnel.