Fire and Ice c'est tellement sensoriel comme film. Les bruits de gorge, les gémissements, les souffles, les cris. Les animations des personnages, ce Nekron félin et distordu au visage déchiré entre souffrance et plaisir, ce Darkwolf brutal et puissant dont on entrevoit l'histoire sans jamais l'expliciter.
J'aime aussi l'amoralité de cet enchaînement d'événements cruel qui ne fait pas dans le sentiment. Une sorcière des marais qu'on aurait pu imaginer importante meurt très rapidement, un roi envoie pragmatiquement son fils se sacrifier parce que c'est la décision stratégique à prendre... les schémas scénaristiques habituels sont chamboulés, la morale ne dicte pas sa loi.
De la même manière, c'est peut-être une mauvaise habitude de chercher à dégager un héros principal dans ce film qui ne me semble pas s'y prêter, où aucun personnage n'a le monopole du beau rôle. Le personnage de Teegra n'est d'ailleurs pas plus central qu'un autre, et le titre français n'est de ce point de vue qu'une énième mauvaise traduction.
Une histoire simple et efficacement narrée dans un conte violent, peu loquace, amoral, sous le dessin sublime de Frazetta.