Comme tout film traitant du milieu du supportérisme il laissera sur sa fin une grande partie des membres de ce milieu. Ne vous attendez pas à un chef d’œuvre, le film se laisse regarder malgré bon nombre d'imperfections.
Toutefois, pour tout connaisseur des us et coutumes de ce mouvement on peut y trouver quelques points intéressants, bien sûr il faut aller au delà de ce que l'on peut attendre au premier abord d'un film traitant du sujet. Ne vous attendez pas à voir dans le film parler de tifos, de gestuelles, de deps et de cortèges, même si c'est brièvement survolé ce n'est, ici, pas le sujet.
Ce que j'ai trouvé intéressant dans ce film c'est le prisme par lequel il est abordé, le conflit générationnel que l'on retrouve dans de nombreuses tribunes à travers le monde. La hargne des jeunes contre la sagesse des anciens. Ce sujet est ici assez bien démontré, les créateurs du groupe âgés maintenant de 50 balais qui se doivent de faire les pères moralisateurs aux jeunes de 20 ans et moins jeunes de 30 ans, qui tiennent la tribune. Quiconque étant membre de ce milieu l'a déjà vécu et s'y reconnaitra très certainement. Quand on voit un de l'ancienne génération mettre une avoinée verbale à un des leader de la nouvelle génération, le mec ne moufte pas, pourtant il pourrait l'enclenché en 30 secondes, mais le respect des anciens, omniprésent dans ce milieu est plutôt bien illustré tout au long du film malgré les divergences générationnelles sur le "comment tenir la tribune" on sent le respect toujours là.
Cette scission au niveau de la vision du monde des tribunes entraîne même la création d'une nouvelle entité, chose qui n'est pas étrangère non plus au mouvement.
Dans un second temps, ce que j'ai trouvé intéressant c'est comment les relations amoureuses sont abordées dans le film. Comme pour le point précédent, toute personne du mouvement sait à quel point son groupe a pu impacter à une ou plusieurs reprises sur sa vie sentimentale et c'est là typiquement ce que l'on y voit au travers Sandro et sa relation compliquée avec Terry à cause de son appartenance à son groupe, on voit à quel point cela le hante et comment il ne peut s'en défaire, l'appartenance à un groupe comme cela est un des sentiments les plus forts que l'on puisse ressentir et cette sensation est assez bien dépeinte ici.
A travers la scène où l'ancienne génération attend Sandro alors qu'il s'apprête à aller au resto avec Terry et qu'il fait le choix de rejoindre ses compères.
Mais aussi la scène où Angiole est à deux doigts d'arriver à ses fins avec une demoiselle mais où celui ci interrompt tout car ses potes l'appellent à la fenêtre, jusqu'à en froisser madame, renvoie au sentiment de fraternité qui soude les membres d'un groupe, les potes avant les p*tes comme on dit.
Ce sont, selon moi les deux principaux sentiments démontrés au travers du film, sentiments que l'on connaît lorsque l'on est membre de ce milieu et c'est ça qui est intéressant dans le film. Il faut en effet voir au delà du premier abord de ce milieu et aller voir un peu plus dans le côté identité et social.
Je vais passer sur la scène du déplacement à Rome tellement elle est pathétique, les mecs débarquent de leurs camions, outillés jusqu'aux dents, passent devant des flics à pieds sans susciter la moindre réaction de leur part, ensuite ils pètent 2 barrages de flics comme si c'était une colonie de vacances au cap d'Agde ... Tout ça pour la scène finale, qui nous rappelle le moment où la mère d'Angelo fait remarquer à Sandro qu'elle a déjà perdu un fils par sa faute, ici c'est l'inverse qui se produit .. L'idée est là, même on s'y attend depuis un moment déjà, mais cela aurait pu être amené autrement.
Quelques maladresses scénaristiques l'empêcheront d'être un bon film, cependant le côté social et d'identité/d'appartenance à un groupe est plutôt bien démontré, et je pense que chacun à sa mesure pourra s'y reconnaitre selon son degré d'appartenance au mouvement.