Vous voici devant la critique de quelqu'un qui n'est clairement pas fan de Denis Villeneuve. Hormis l'étincelant Blade Runner 2049, je dirais que je suis frustré devant ses films. Je comprends pourquoi les gens les aiment, mais il manque un truc à ses films pour que je puisse les apprécier. Je dirais qu'il y a un manque de vie dans ses œuvres. Elles présentent des personnages pour lesquels je n'ai aucun attachement. Enfin, on est pas là pour parler de la filmographie t̶r̶è̶s̶ ̶m̶o̶y̶e̶n̶n̶e de Villeneuve, mais plutôt de son premier film Un 32 Août sur Terre.
Et ce que je dois dire, c'est que j'en ai trouvé de la vie dans ce film, de la vie tout ce qu'il y a de plus pur, de la vie parfois monotone, pas toujours rythmée par des araignées géantes et des arrêts près de la frontière mexicaine. Un 32 Août sur Terre est froid, il présente des personnages très peu expressifs et un rythme lent. Mais c'est aussi ça la vie, parfois, on ne parle pas énormément, parfois on ne fait pas grand chose d'utile.
Cela, Simone l'a bien compris puisque suite à son accident de voiture (c'est pas un spoil, c'est littéralement l'ouverture du film), elle se rend compte que l'on peut voir sa vie partir en un instant. Elle va donc chercher à la vivre pleinement.
En voulant devenir ce qu'elle a toujours voulu, une mère.
Comme toujours chez Villeneuve, la beauté plastique est au rendez-vous, chose que je reconnaît aisément à tous ses films. Bon, désolé à ceux qui ne l'ont pas vu, mais tout ce que je veux dire est du spoil. Revenez après l'avoir vu.
La beauté des plans m'a frappé grâce au brutal changement d'ambiance entre la première scène et le reste du film. Elle est bruyante et étouffante, nous sommes enfermés avec Simone dans cette bagnole. Avec cette introduction, je pensais voir tout le ton du film, mais j'avais tort puisque par la suite, il va délaisser cette caméra scrutant le visage apeuré de Pascale Buissières et nous plonger dans les grands angles magnifiques des alentours de Salt Lake City. On est dans un registre très onirique, bien loin de cette introduction violente.
Les scènes sont étirées, les échanges de paroles entre les personnages sont très importants renforçant la dimension onirique du film.
Dernier petit spoil :
Ce titre n'est pas anodin. Le 32 août, le mois qui n'en finit pas, encore une fois pour renforcer la dimension onirique. Mais l'on se pose aussi la question en voyant ce 32 août, sommes-nous encore dans notre monde ? Simone ne serait-elle pas morte la veille et ne sommes-nous pas en train de voir ses peines, ses regrets et tout ce qu'elle n'a pas pu accomplir durant sa vie ? Et bien sûr, la fin nous brouille un peu.
Avec son premier long-métrage, Denis Villeneuve signe un petit OVNI, drôle et triste à la fois et encore une fois, d'une beauté impeccable. Si je devais reprocher quelque chose au film, ce serait les morceaux choisis que je ne trouve pas toujours en accord avec l'image et que, au final, l'histoire est assez faiblarde, le film aurait pu être raccourci, peut-être même sous la forme d'un court-métrage.