1. L'incroyable interprétation d'Al Pacino. Après avoir tourné avec le comédien talentueux trois ans plus tôt dans Serpico, Sidney Lumet lui offre un rôle à sa mesure. Entre volonté désespérée et désillusions, le personnage d'Al Pacino incarne toutes les passions. Premier personnage ouvertement homosexuel porté à l'écran en 1976, il impose au spectateur sa déception du monde et ses désirs les plus fous.

Al Pacino (Oscar du meilleur acteur en 1976) est ici admirable de sincérité et de tendresse. Un homme mystérieux, apparemment sans histoire, peu sûr de lui, prêt à commettre l’irréparable. Difficile donc de ne pas s'attacher à cette gravité, ce regard perdu et les nombreuses failles du personnage. Un rôle sur mesure pour Al Pacino qui incarne un Sonny incroyablement tendre et humain. Magnifique.

2. La critique sociale de Sydney Lumet. Avant d'être un film axé sur la figure du anti-héros incarné par Al Pacino, Un après-midi de chien ouvre une véritable réflexion sur les rapports qu'entretiennent les journalistes et le public. Sidney Lumet dénonce ici le pouvoir qu'ont les médias de créer du mythe, de transformer chaque circonstance en spectacle voyeuriste et de faire d'un homme ordinaire l'objet d'une machination cynique. Ici, la foule semble utilisée comme rempart par les médias contre les forces de l'ordre. L'impuissance des policiers, leur incapacité à gérer des situations de crises sont ici portées à leur paroxysme et permettent une critique sévère de la société et de l'ordre établi. Le scénario (Oscar du meilleur scénario en 1976), la mise en scène confinée, utilisant l'espace clos avec intensité, permettent à ce long-métrage d'utiliser brillamment tous les ressorts du huis clos. Le spectateur devient à son tour le témoin gênant d'une mise en scène orchestrée pour détruire l'homme révolté.

3. L'histoire tragico-comique de ces gangsters débutants. La mise en scène incroyablement maîtrisée de Un après-midi de chien alliée à l'incroyable utilisation du huis clos font de ce film un véritable chef d'oeuvre. De ses débuts plutôt comiques jusqu'au paroxysme du tragique, le film de Sidney Lumet sait se défaire des faux semblants et des idées reçues. Un équilibre savamment trouvé pour ce film qui bascule, comme la vie de ses protagonistes, vers l'impossible.

4. Une histoire vraie, basée sur un fait divers. L'histoire du film est largement inspirée d'un article de presse racontant l'histoire d'un braquage qui s'est déroulé le 22 août 1972 à Brooklyn. L'un des véritables protagonistes du film, emprisonné à la suite du braquage, a d'ailleurs reçu la somme de 7500 dollars et un pourcentage des recettes générées par le film.
Le réalisateur a d'ailleurs, par soucis de véracité, souhaité tourner les plans de son film à Flatbush, le quartier même où s'est déroulé le véritable braquage.

5. La figure de l'anti-héros. Personnage central d'une oeuvre de fiction qui suscite admiration et sympathie, le anti-héros de Sidney Lumet campé par Al Pacino n'a rien d'extraordinaire. Il n'agit pas dans un but altruiste et ne cherche pas l'approbation. Pourtant, derrière cette figure non conventionnelle, se cache un être qui désire se faire aimer. Homme au destin extraordinaire, il parvient à atteindre une renommée et une gloire... malheureusement éphémère. Une figure des plus intéressantes pour un personnage attachant.

J'ai une affection toute particulière pour ce film. Réalisé par le brillant auteur de Douze hommes en colère, ce film montre la descente aux enfers d'un homme ordinaire acclamé par la foule et dévoré par l'éphémère sentiment d'accomplir une cause juste. Admiré, porté, compris, la figure de l'anti-héros n'en reste pas moins éphémère et fragile. Un film au scénario prenant et aux comédiens magnifiques. A découvrir impérativement !
Le_blog_de_Yuko
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le 14 sept. 2013

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